Analyse d’une conférence sur la numérisation du transport organisée par le groupement Tred Union, pour les exploitants.
Le transport est essentiel à nos sociétés modernes et conservera une position centrale dans les années qui viennent. Accompagnant la digitalisation de l’économie, il développera même son influence, prenant des formes diverses, capillaires. Les volumes de marchandises transportées ne feront que croître. Pour profiter de cette transition, et non pas la subir, les entreprises devront apprendre à utiliser les données phénoménales dont elles disposent, les contrôler, les sauvegarder et les monétiser. Car vos données ont de la valeur ! Tel était le message essentiel d’une conférence organisée par le groupement de transporteurs Tred Union le 14 février 2018 à Paris, sur le thème : “Digitalisation et évolution de l’informatique dans nos vies personnelles et professionnelles.”
Étaient présents non pas les patrons de transport, mais les exploitants, les opérationnels des commandes et des plannings, venus en nombre. Hugues Razanadraibe, directeur général du cabinet de conseil Kereon Intelligence, a déroulé une présentation allant de la naissance de l’Internet et de l’iPhone à l’essor de la “data”, du big data, et des moyens de sécuriser les données. Un thème d’actualité, avec l’arrivée du nouveau règlement européen relatif à la protection des données (RGPD). « Il existe de nombreuses solutions pour sécuriser les serveurs et les flux, mais celles-ci coûtent cheres, et sont encore peu utilisées par les entreprises de transport (qui réalisent de faibles marges et investissent déjà beaucoup en informatique par ailleurs). Contrôler ses données, c’est d’abord faire preuve de logique et de méthode : changer régulièrement les mots de passe, réaliser des sauvegardes, et inciter son équipe à la confidentialité… »
La performance des PME en question
Le conférencier a ensuite abordé les éléments « de performance » des entreprises de transport – qui représentent d’ailleurs, logiquement, les différentes rubriques de ce Guide ! Informatique embarquée, outils mobiles, logiciels de transport, et technologies connectées. Avec en plus, l’intelligence artificielle, qui se concrétise dans une autonomie de plus en plus complète des véhicules, capables demain d’interagir avec l’environnement.
« Les innovations technologiques attendues dans le TRM devraient concerner le camion lui-même mais aussi son rôle dans la chaîne de valeur transport et logistique », estime Hugues Razanadraibe, qui considère d’une part, les communications de véhicules à véhicules, des véhicules aux infrastructures, les outils de télédiagnostic, et d’autre part, la conduite autonome, la chaîne de valeur intégrée, et les plates-formes connectant l’offre et la demande. Sur ce dernier point, il estime que le temps des commissionnaires a vécu, et que les transactions de demain se feront directement entre les transporteurs et les destinataires, qu’ils soient particuliers ou industriels. Avec, entre les deux parties, des systèmes informatiques.
Procéder étape par étape
« Les PME de transport vivent un peu aujourd’hui un effet moustique, prend-t-il en parabole. Quand elles se grattent, c’est déjà trop tard. Sauf à rester sur le bord de la route, elles doivent engager une mutation non pas urgente, car elles ont encore le temps de s’organiser, mais rapide et volontaire. La question n’est plus celle d’un retour sur investissement de tel ou tel outil à court terme, mais plutôt de la pérennité de l’entreprise dans les 10 années qui viennent. »
Mais alors, comment évoluer ? Le schéma directeur est clair : il faut partir de la donnée, d’une utilisation intelligente des informations ; et procéder étape par étape, car on ne peut pas transformer les équipes et leurs processus de travail du jour au lendemain. « Il faudra aussi apprendre à partager ses données, ou une partie, tout en gardant le contrôle », estime l’expert. Une question qui rejoint l’enquête plate-forme du premier numéro du Guide. Car le retour d’informations aux clients, et les moyens d’y parvenir, reste le sujet central de notre secteur en 2018.
Dans une démarche de partage maîtrisé des données, la question humaine, celle de la confiance, est essentielle. C’est là qu’un groupement de transporteurs tel que Tred Union, qui développe des liens solides entre ses membres, prend tout son sens.
