Lors d’un précédent article sur les transports DUVAL, une entreprise familiale de Château du Loir (72), nous avions titré « une priorité pour les relations humaines ». Dans la crise que nous traversons aujourd’hui, ce précepte érigé en méthode de management porte ses fruits. Prendre soin de son équipe est d’autant plus important car gérer une entreprise de transport routier n’est pas un long fleuve tranquille. Les transports DUVAL, 92 salariés et membre du groupement FLO, exploitent 60 tracteurs routiers et quelques porteurs pour 155 cartes grises sur des liaisons nationales essentiellement avec du fret industriel et des marchandises générales en lots partiels et complets, pour une clientèle fidèle ce qui est important par temps de crise. « Evidemment, lorsqu’on travaille pour des sous-traitants de l’automobile ou du bâtiment avec des usines et chantiers à l’arrêt, cela devient vite compliqué. Alors, nous avons davantage travaillé pour la grande distribution. Actuellement, il faut être particulièrement réactif afin de réguler le trafic en fonction des urgences. D’autre part, il est difficile de trouver du fret retour » explique Sébastien Duval qui a pris les rênes de l’entreprise créée en 1946 par Raymond, le grand-père et que lui a transmis son père en 2008.
Une communication qui valorise à la fois l’entreprise et ses conducteurs
Fier des conducteurs
Chez les Duval, le transport est un véritable atavisme très présent dans les entreprises familiales. Il s’y ajoute un fort engagement pour les relations humaines. Lorsque les conducteurs sont bien dans une entreprise, ils le disent et ils lui restent fidèles. C’est ce qui a donné l’idée à l’équipe, menée par Sébastien Duval de porter haut les couleurs du métier de conducteur routier. Ainsi, plusieurs semi-remorques sont customisées avec des messages forts « Fier de nos équipes de conducteurs » ou encore, avec un Superman grandeur nature, « Il y a des héros qui ne portent pas de cape, ils sont conducteurs chez Transports Duval ».
Sébastien Duval, un patron aux avant-postes
un Superman qui interpelle
Sébastien Duval qui reconnait qu’il faut prévoir un planning de partage tant les conducteurs sont heureux de tirer des remorques pas comme les autres et portant un message qui valorise la profession. « Non seulement l’entreprise est valorisée, mais les conducteurs en parlent avec leurs collègues d’autres entreprises, Nous nous faisons plaisir. Nous avons choisi un décor américain, mais également Superman, ou encore une grande image avec un message valorisant pour nos conducteurs ». Toutefois, ces messages positifs n’ont pas empêché les conducteurs de rencontrer des difficultés au démarrage de la pandémie lorsqu’ils trouvaient porte close dans les restaurants ou pire, des interdictions d’accès aux toilettes ou à la machine à café sur des lieus de chargement ou de déchargement.
Patron en colère
Alors le patron décroche son téléphone … « Un jour je me suis fâché lorsqu’un conducteur m’a appelé depuis une plateforme logistique en m’indiquant qu’il n’avait pas accès aux toilettes. J’ai immédiatement appelé un responsable en lui indiquant qu’il allait faire demi-tour. Cela s’est arrangé, mais ce sont des incidents inadmissibles ». Depuis, cela va beaucoup mieux avec un accueil à la hauteur de leur engagement au cœur d’une crise majeure. Souhaitons, qu’après cet épisode, notre profession soit davantage reconnue. « Cette semaine, j’ai été applaudi, cela ne m’était jamais arrivé de ma vie » a relaté un conducteur ému …
Mesures de sécurité
Durant cette période, même l’inspecteur du travail a appelé Sébastien Duval, non pas pour un contrôle, mais pour l’assurer de son soutien si ses conducteurs rencontraient des difficultés. Cela lui a fait plaisir. Côté prévention, l’entreprise n’a pas attendu pour fournir à l’ensemble du personnel les produits nécessaires à sa sécurité. « Cette démarche nous a été facilité car l’un de nos clients est producteur de gel hydroalcoolique et il nous restait un stock de masques de l’épidémie de grippe H1N1. Nous avons même pu offrir le reliquat au cabinet médical voisin. Les gestes barrière nous ont été expliqués par notre DRH, bénévole à la Croix Rouge. Des kit de désinfection sont également disponibles lorsqu’un conducteur change de camion ».
Un clin d’œil résolument tourné vers le futur
Finances sous surveillance
Alors, bien entendu, il y a l’après. Lorsque le plus fort de la crise sera derrière nous et qu’il faudra relancer l’économie. Le transport routier sera encore là et peut être davantage sollicité. « Pour le moment nous travaillons sur un projet en fonction des possibilités offertes par l’Etat d’obtenir le PGE, prêt garanti par l’Etat et nous utilisons aussi le report de charges. Pour l’Urssaf cela représente un montant de 60000 € par mois. Nous sommes attentifs à notre trésorerie et sans doute reporterons-nous des échéances sur des véhicules. Mais pour l’instant, c’est à l’état de réflexion. Nous verrons comment ça avance dans les mois à venir » annonce le patron qui pense aussi revoir son plan d’investissement prévisionnel de l’année en cours. Certains véhicules resteront sans doute un peu plus longtemps dans le parc.
