La Bulgarie assure actuellement la présidence tournante de l’Union Européenne (jusqu’à fin juin 2018) et ça fait désordre lorsque le parlement de ce pays de 7 millions d’habitants, membre de l’UE depuis 2007, se déclare à l’unanimité contre les réformes du paquet mobilité proposées par la Commission européenne et concernant les transports routiers internationaux. Il faut dire que le gouvernement conservateur bulgare de Boïko Borissov, premier ministre pour la troisième période depuis 2009, partage les craintes et les objections des transporteurs bulgares inquiets pour leurs prérogatives et libre choix de leur mode d’exploitation qui s’apprêtent à protester lors d’un sommet informel de l’UE les 16 et 17 mai à Sofia … d’où ce vote du parlement programmé au bon moment.
Parlement bulgare à Sofia
Lors du vote de vendredi 11 mai, 140 députés présents, tous partis confondus, ont voté à l’unanimité une résolution qui précise « Ces propositions soumises au parlement européen sont infondées et auraient une influence néfaste sur le secteur des transports en Europe centrale et orientale. La plupart des petites et moyennes entreprises risquent d’être expulsées du marché qui sera alors réservé aux seuls grands transporteurs »
Un moment la frontière a été fermée entre Bulgarie et Grèce
Rappelons que la Commission européenne avait proposé en novembre 2017 que les conducteurs routiers se rendant dans un autre pays de l’UE soient considérés comme des travailleurs détachés, avec le salaire local du pays de transit, à partir de trois jours par mois dans ce pays. Naturellement, depuis l’origine du texte, les pays d’Europe centrale et orientale membres de l’UE y sont farouchement opposés. Toutefois, dans ce domaine, où les décisions se prennent à la majorité qualifiée des membres de l’Union, un Etat ne dispose pas du droit de veto.
Yordan Arabadjiev, président des transporteurs bulgares (capture d’écran nova-news)
La Confédération des employeurs et des industriels bulgares dramatise « Le secteur bulgare du transport international routier qui emploie 120.000 personnes dont 40.000 chauffeurs et fournit 15% du PIB, est menacé de destruction ». Selon le président de l’association des transporteurs internationaux de Bulgarie Yordan Arabadjiev, « les réformes sur lesquelles insiste notamment la France visent à développer des avantages de concurrence déloyale au profit des transporteurs français et allemands. »
Concernant les temps de repos et de conduite, Yordan Arabadjiev s’est notamment opposé à l’idée de retour obligatoire dans leur pays toutes les trois semaines les conducteurs bulgares situé à la frontière extérieure de l’UE dans le sud-est. « Il est également inconcevable d’accepter la proposition de logement obligatoire du conducteur dans un hôtel » car le camion resterait alors sans surveillance. Il évoque un danger de cambriolage du camion « particulièrement présent dans le sud de la France. On ne peut pas non plus exclure que des terroristes placent des explosifs sur un véhicule sans surveillance » … tous les prétextes sont bons. Le débat promet d’être lui aussi explosif !
(article rédigé d’après une dépêche AFP)