Dans une lettre ouverte (ci-dessous) envoyée aux autorités mais aussi aux responsables économiques, Louis-Michel Barraud (président FNTR Normandie) et Emmanuel Jourdain (président OTRE Normandie) font part « avec force, de leur mécontentement, voire leur colère, eu égard aux conditions de travail qui leurs sont imposées et qu’ils subissent dans les cinq terminaux portuaires de la place du Havre ». Cela ne date pas d’aujourd’hui, mais des améliorations étaient attendues après une nouvelle organisation dite « rendez-vous transporteur » censée fluidifier le trafic routier des conteneurs. Mais, selon les transporteurs, après 18 mois, « force est de constater que les inconvénients rencontrés par les transporteurs avant la mise en place du système, sont loin d’être réglés » avec des temps d’attente extrêmement long « jusqu’à 8 heures parfois dans des conditions sanitaires inadmissibles pour les salariés conducteurs ». Voici le courrier conjoint de l’OTRE et de la FNTR, dans son intégralité.
Raz le bol des transporteurs sur le port du Havre
Le Havre le 10 février 2016
LETTRE OUVERTE AUX AUTORITÉS ET ACTEURS PORTUAIRES DU HAVRE
Madame la Préfète de Région Monsieur le Président de Région
Monsieur le Maire du Havre et Président de la CODAH
Monsieur le Président de l’UMEP
Monsieur le Directeur du GPMH
Le Havre le 10 février 2016
Madame la Préfète,
Messieurs les Présidents,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Directeurs,
Réunies à l’initiative des organisations patronales du transport routier ce mercredi 10 février 2016 au HAVRE, les entreprises du transport routier, adhérentes ou pas de ces organisations, tiennent à exprimer avec force leur mécontentement, voire leur colère, eu égard aux conditions de travail qui leurs sont imposées et qu’ils subissent dans les cinq terminaux portuaires de la place du Havre.
Il faut en effet rappeler que depuis mai 2014, les entreprises de transport ont accepté la généralisation du système de rendez-vous routiers aux terminaux portuaires dans le but de limiter les temps d’attente des transporteurs routiers par un système de planification en ligne basé sur des prises de rendez-vous.
Plus de 18 mois après la mise en place du système dit de « Rendez-vous transporteur » dont le but était de fluidifier le trafic routier de containeurs, force est de constater que les inconvénients rencontrés par les transporteurs avant la mise en place du système, sont loin d’être réglés.
Malgré la mise en place du système, les temps d’attente des camions aux terminaux pour charger ou décharger, sont toujours aussi longs (jusqu’à 8 heures parfois dans des conditions sanitaires inadmissibles pour les salariés conducteurs) et surtout la saturation récurrente des offres de rendez-vous, empêche toute activité réelle des transporteurs.
Or, malgré les alertes et les dénonciations de ces dysfonctionnements répétés par les Organisations professionnelles aux responsables de la Communauté portuaire (UMEP, GPMH, GHAAM) en rappelant que cette situation met gravement en péril la rentabilité des entreprises quand ce n’est pas leur activité elle-même qu’ils compromettent. Comment en effet assurer une activité normale à un transporteur incapable d’assurer une livraison en temps et en heure de son client ? Comment assurer la vitalité et la viabilité d’une entreprise qui subit des surcouts d’inactivité de ses salariés ?
Les transporteurs sont des acteurs majeurs de la vie et de l’activité économique de la Région Normandie. Cette dernière représente la première façade maritime de France dont Le Havre est le premier port français de conteneurs. L’activité du transport routier de marchandises compte, à elle seule, près de 20.000 emplois (25.000 dans l’agro-alimentaire, 22.000 dans l’automobile) et assure 18 millions de tonnes-kilomètres de trafic routier de marchandises.
Dans ces conditions, comment peut-on sérieusement envisager un développement ambitieux de l’activité du port du Havre ? Comment peut-on promouvoir son attractivité quand ces difficultés des transporteurs n’existent pas dans les zones portuaires d’Anvers ou de Rotterdam ? Comment fixer pour le GPMH un objectif annuel de 4 millions de conteneurs alors qu’au stade actuel des 2.5 millions, il est impossible de les absorber correctement ?
Les transporteurs n’acceptent plus d’être la variable d’ajustement de l’activité portuaire havraise en assumant le coût des insuffisances de moyens. Ils exigent aujourd’hui :
- L’adaptation des capacités de manutention au volume d’activité et d’optimiser les entrées/sorties.
- D’être livré dans les délais prévus soit une heure entre l’entrée et la sortie
- De réutiliser les conteneurs de toutes les compagnies sans conditions restrictives ou facturation (intérêt économique et écologique)
Les transporteurs demandent solennellement aux acteurs destinataires de cette lettre ouverte de trouver, dans des délais acceptables mais rapides, les solutions à ces questions maintes fois posées mais toujours restées sans réponse.
A défaut, ils se réservent, dans les jours qui viennent, la faculté de mener des actions fortes pouvant aller jusqu’au blocage des terminaux portuaires et ce sans préavis.
Comme ils l’ont toujours été, ils réaffirment qu’ils sont ouverts et disposés à tout dialogue, à toute négociation pour peu qu’on cesse de les considérer comme des supplétifs alors même qu’ils assurent près de 85 % de l’acheminement des conteneurs !
Restant à votre disposition, veuillez agréer l’expression de notre plus haute considération.
Louis-Michel BARRAUD – Président FNTR Normandie
Emmanuel JOURDAIN – Président OTRE Normandie