Alors que le gouvernement a avancé des propositions et annoncé une concertation renforcée pour les mois à venir, certains jusqu’au-boutistes, parmi les gilets jaunes souhaitent une poursuite des blocages dès le début de l’année. L’inquiétude est grande chez les transporteurs qui ont vécu un enfer dans les semaines précédant la période des fêtes avec, pour certains, une très importante désorganisation de leur exploitation engendrant le mécontentement de leurs clients. Des conducteurs ont aussi été agressés. Le dernier en date, le samedi 22 décembre à 3 heures du matin, un bulgare de 41 ans, a vu son camion caillassé sur la D18 à Saint-Étienne-du-Rouvray près de Rouen, les voyous tentant d’ouvrir la remorque (« une boule de pétanque arrive dans la cabine » précise un journaliste de France Bleu). Pris de peur (on se serait à moins), le routier a dégagé son camion, une palette en feu bloquée sous la remorque. Il s’en est suivi une course poursuite sur 12 kilomètres, par des individus que nous pourrions qualifier de bandits de grand chemin … une autre époque !
Camion bulgare attaqué, une boule de pétanque traverse le pare-brise … (Photo DR)
A la sortie du Tunnel de la Grand Mare, le camion est donc pourchassé par deux voitures de « gilets jaunes ». Avertie, la police attend le poids-lourd à la sortie du tunnel et là, les deux conducteurs des voitures prennent le fuite … ils savent, évidemment, que ce qu’ils font est répréhensible et dommageable pour le mouvement qui se veut « pacifiste ». Le routier bulgare, choqué, s’arrête, son poids lourd commence à prendre feu avec la palette qui brule encore. Il porte plainte, la police ouvre une enquête mais à l’heure où nous écrivons, personne n’a été arrêté. Ce rond-point des Vaches à Saint-Étienne-du-Rouvray (76) a connu d’autres incidents graves avec des individus agressifs et saouls. Ainsi, une femme enceinte a récemment frappé en pleine nuit, rappelle le journaliste de France Bleu. “Nous conseillons aux automobilistes d’éviter de passer par là la nuit, et dans la nuit de samedi à dimanche, nous avons mis en place une déviation” a précisé la police … Mais où est-elle la liberté de circuler ?
Aujourd’hui l’inquiétude est grande dans les entreprises de transport. Certaines régions ont été très impactées, principalement dans le sud de la France et en Rhône-Alpes-Auvergne. Le trafic international subit des dégâts collatéraux avec des blocages intempestifs de frontières. « On reçoit des appels au secours, certaines entreprises sont au bord du dépôt de bilan », s’inquiète Florence Berthelot dans le quotidien Les Echos (26.12) qui rappelle aussi que l’impact potentiel des opérations « péages gratuits » comme la surfacturation des trajets par des entreprises qui fournissent les badges de télépéage, également fortement dénoncées par l’OTRE, peuvent avoir des conséquences graves car les sommes en questions, ne correspondant pas à la réalité, sont prélevées sur le compte des entreprises. La situation, aujourd’hui et à venir, est particulièrement anxiogène pour les entreprises de transport routier … comme le reste de l’économie française.