Stéphane Robinet, Président de TLR Robinet à Saran (45), détaille le déploiement d’un nouveau système d’information Eurotracs couvrant le TMS, la mobilité et les échanges de données avec les clients. Objectif : simplifier le travail de l’exploitation tout en gagnant en réactivité commerciale et en analyse.
Être bon ne suffit plus ! Entreprise multi-certifiée, réputée notamment auprès de l’industrie chimique pour sa rigueur dans les process de sécurité, les procédures de nettoyage, de chargement et de manipulation, TLR entreprend en 2021 un chantier informatique global. Objectif : gagner en compétitivité et en réactivité commerciale.
Basée près d’Orléans, l’entreprise familiale est habilitée à intervenir sur des sites sensibles de type Seveso, centrales nucléaires, électriques et hydroélectriques, aéroports… Elle affiche les mêmes méthodes pour le transport de lots, le transport exceptionnel, industriel et express.
« Nos collaborateurs sont attentifs, formés et suivis plusieurs fois par an au respect des règles et attitudes qui permettent d’anticiper les risques. Un guide des bonnes pratiques et un manuel conducteur est communiqué à tout collaborateur, et constitue une référence quotidienne pour les usages de l’entreprise. Deux formateurs TLR accompagnent toute l’année les équipes sur ces pratiques, dans les différents sites d’exploitation de l’entreprise », introduit Stéphane Robinet, Président de TLR Robinet, petit-fils du fondateur de la PME, qu’il a rachetée en 2009.
« Nous détenons quatre implantations en région orléanaise, en Normandie, et en Île-de-France, pour réaliser du transport à la demande en plateaux, fourgons, surbaissées, navettes et citernes, avec un rayon d’action européen, principalement vers les pays limitrophes. Nous avons également développé une activité de lavage de citernes à Oissel près de Rouen.»
« Multi-spécialiste, nous travaillons avec des clients majeurs de l’industrie, de l’énergie –les leaders européens du machinisme agricole et de l’industrie chimique par exemple. Ces grands groupes exigent que leurs transporteurs s’adaptent à leurs systèmes d’informations. Comme nous ne souhaitons pas de service dédié, ni de développeurs en interne – chacun son métier ! – nous nous en remettons à nos prestataires, les éditeurs de logiciels. Mais ces dernières années, les demandes d’interfaces et de traçabilité se multipliant, nous n’arrivons pas toujours à obtenir ce que nous souhaitons. »
Rester dans le jeu
Même équipée d’une informatique embarquée intégrée à son logiciel de transport, et donc capable d’opérer une traçabilité complète des expéditions, la PME fait face à une nouvelle frontière, une problématique commune à bien des transporteurs routiers de marchandises : l’échange de données avec les chargeurs. Stéphane Robinet explique :
« Depuis plus de 10 ans, nos véhicules portent de l’informatique embarquée (ordinateurs Greencat T1 et ATX, imprimantes et scanners). Nous avons pu en mesurer les effets bénéfiques. Nous ne pourrions plus aujourd’hui nous passer de la remontée des données sociales en temps réel et du positionnement des véhicules, du téléchargement à distance des cartes et des mémoires des chronotachygraphes. Parallèlement, l’informatique d’entreprise répond globalement à l’évolution de notre activité, mais pas assez à celle de nos clients, dont les demandes sont de plus en plus pointues et urgentes. »
« En effet, les logiciels du métier sont peu ouverts, et les développements EDI ne sont pas réalisés dans les délais qui sont ceux des négociations commerciales. Chacun veut conserver son savoir-faire, sa méthodologie, son cadre de communication. »
« Une réponse courante de l’éditeur de TMS : votre client n’utilise pas un message normalisé… Lorsque nous avons à faire à un industriel d’envergure mondiale et qui souhaite utiliser son système pour tous ses transporteurs européens, l’équation est simple : soit nous restons en opposition technique et nous perdons le marché, soit nous développons l’interface nécessaire. Et rapidement ! Car si nous ne pouvons pas tenir le délai, nous nous retrouvons hors-jeu. »
Des plateformes dans la place
De fait, la PME communique en EDI avec environ 40 % de ses clients. Elle effectue donc nombre d’opérations manuelles, des saisies multiples, fastidieuses, peu productives. Certains grands comptes lui demandent de passer par une plateforme pour optimiser leurs propres processus :
« Nous souhaitons une optimisation partagée, et être force de proposition pour améliorer les échanges avec nos clients, leur fournir une preuve de livraison en temps réel, affirme Stéphane Robinet. Concrètement, c’est lors des renégociations de contrat (d’une durée variable de un à cinq ans) que nos clients nous demandent d’adopter un nouveau processus de connexion à tel ou tel intermédiaire. Ou encore lors des appels d’offres, nombreux et à délais de réponse courts. Les éditeurs de TMS suivent difficilement le mouvement. »
« En conséquence, des solutions alternatives de traçabilité sont venues s’interposer entre nous et nos clients. Les plateformes jouent un rôle central. Force est de constater qu’après quelques années, elles sont devenues incontournables. Au-delà de la traçabilité, de l’ETA (heure estimée d’arrivée), elle servent à lancer des appels d’offres et à structurer l’organisation de transport du chargeur. »
« Par exemple, nous travaillons avec l’une des plus importantes plateforme depuis plus de quatre ans. Le chargeur pour les besoins duquel nous avons démarré cette collaboration nous avait affirmé que pour TLR, la solution serait gratuite. C’est faux. Nous payons à l’usage, pour réserver un créneau de livraison, pour remonter une information, pour prendre une commande… Ce sont quelques centimes ou quelques euros à chaque opération, mais qui représentent quelques centaines ou quelques milliers d’euros à l’année.»
Pour une interface unique
« A des degrés divers, le fonctionnement à l’usage des autres plateformes est le même. Mais au-delà de l’aspect financier, là où on arrive à la limite du système, c’est lorsque le client nous promet des services additionnels. Par exemple, il nous propose l’accès à des transports spot qui pourraient nous intéresser. Ces offres se traduisent par 30 à 90 e-mails par jour, que nous réceptionnons aux alentours de minuit… Il « suffit » alors de cliquer sur le lien, de se connecter à la plateforme… C’est inexploitable, et inexploité ! On ne peut pas zapper d’un outil à l’autre, d’une plateforme à l’autre. »
« C’est pourquoi nous cherchons à nous simplifier la vie. Un exploitant ne peut pas travailler avec plusieurs applicatifs clients, de même qu’un conducteur ne peut pas utiliser une multitude d’applications sur son terminal embarqué. Une entreprise de transport a aussi des exigences de productivité. Nous avons donc besoin d’un outil puissant et ouvert sur l’extérieur. La première nécessité étant de recevoir les commandes en EDI pour les intégrer au plus vite dans nos systèmes et éviter des saisies fastidieuses»
Le contexte posé, TLR détaille le renouvellement informatique en cours. Avec ce leitmotiv : « Nous simplifier la vie et celle de nos clients »
« Nous avons fait le choix de nous équiper d’un nouveau logiciel de transport associé à une application mobile, les solutions eTrans et eMobile édités par Eurotracs. Avec ces deux briques, nous allons gérer à la fois l’envoi de missions, la traçabilité des marchandises, ainsi que les données sociales et techniques. »
Mais surtout, Eurotracs propose avec eConnect une solution globale de connectivité entre l’expéditeur, le transporteur et ses sous-traitants. L’éditeur a réalisé des intégrations fonctionnelles avec 370 fournisseurs de télématique et de TMS/ERP.
Des échanges simplifiés
Eurotracs revendique une solution indépendante dans le secteur de la logistique. « Nos plateformes sont axées sur l’optimisation des processus pour l’échange d’ordres de transport et le suivi en temps réel pendant l’exécution, affirme l’éditeur belge. Via eConnect, le transporteur bénéficie d’un échange de commandes simplifié, incluant la gestion des commandes multi-niveaux s’il travaille avec différents sous-traitants. Il informe automatiquement ses clients et destinataires sans efforts supplémentaires. »
Johan Tielemans, consultant Directeur du cabinet Scaldis, qui accompagne TLR Robinet dans sa transition informatique depuis deux ans, a trouvé dans Eurotracs une solution pertinente : « Les fournisseurs de TMS et d’informatique embarquée travaillent sur des bases de données distinctes, avec des problématiques et des feuilles de route informatiques différentes. La synchronisation de ces données au service des transporteurs est donc un défi majeur, relève-t-il. Seule une solution globale intégrée permet de sortir de ces problématiques d’interfaçage pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire les processus du client, l’optimisation des échanges, et la compétitivité du transporteur. »
« Notre principal objectif est de nous adapter aux demandes de nos clients, c’est-à-dire d’obtenir une connexion rapide et efficace avec tout ERP ou plateforme d’intermédiation, permettant de recevoir des commandes et de transmettre des statuts de livraison par EDI, reprend Stéphane Robinet. Telle est la promesse d’Eurotracs : une plateforme de mutualisation permettant l’échange d’informations en temps réel entre l’expéditeur, le commissionnaire de transports et ses correspondants».
« Nous venons de finaliser le déploiement du TMS eTrans en septembre 2021. Parallèlement, nos 200 chauffeurs sont déjà équipés de smartphones professionnels, que nous allons remplacer par des tablettes durcies Samsung Android qui porteront le logiciel eMobile App d’Eurotracs. Un truckbox dans le véhicule permettra de se brancher sur le bus can et le chrono. »
Connexion atelier & BI
En outre, les tablettes vont intégrer une connexion avec le logiciel de parc Parcfleet existant, édité par Item informatique. « Ce dernier fonctionne très bien dans nos trois ateliers intégrés, permettant d’éditer des rapports analytiques réguliers, en connexion avec notre TMS, développe Agostino Alves, Directeur technique & Systèmes de TLR Robinet. Ainsi, nous gérons facilement les passages aux Mines et les réparations programmées, qui se répercutent dans le planning des exploitants. Un véhicule indisponible ne peut pas être planifié. »
Et de relever une petite nouveauté avec Eurotracs : à son départ le matin, un chauffeur va pouvoir générer des anomalies sur sa tablette — un voyant allumé, un équipement cassé, — et prendre des images, qui vont être transmises automatiquement à l’atelier. Le chef d’atelier du site en question, mais aussi l’exploitant concerné par le voyage recevra une alerte.
Par ailleurs, Eurotracs va mettre à disposition de TLR une base de l’ensemble des données du TMS (intégrant les informations des tablettes), sur laquelle une application tierce, My Report, va permettre de réaliser des requêtes en temps réel : chiffre d’affaires, des kilomètres parcourus, des temps de conduite, etc.
« Résultat : nous allons pouvoir piloter l’activité de manière plus réactive, en créant des rapports consolidés facilitant l’analyse des directeurs d’activités de TLR, ou encore des tableaux de bord quotidiens à l’usage des exploitants. Des récapitulatifs se feront à la demande, à la journée, à la semaine ou au mois, indique Agostino Alves. Soulignons qu’aujourd’hui déjà, nous utilisons My Report qui vient puiser des données dans les bases de notre informatique embarquée et de notre TMS, mais seulement à J+1. Avec Eurotracs, nous allons bénéficier d’une base de données enrichie en temps réel, ce qui fait toute la différence au niveau du pilotage. »
« Là encore, l’objectif est de se simplifier la vie et celle de nos clients, en améliorant la productivité, les taux de remplissage, les kilométrages en charge ou partiellement chargés, conclut Stéphane Robinet. Nous voulons suivre tout cela de manière optimale pour conduire une politique d’amélioration continue. Mais surtout, l’informatique doit être un outil au service de notre stratégie : pouvoir proposer des services complémentaires, lancer des idées et les réaliser dans des délais acceptables, répondre aux sollicitations de nos clients, et tenir nos engagements en temps et en heure. »
TLR Robinet faits et chiffres
www.tlr.fr
CA 2020 : 26 M€
250 collaborateurs
200 véhicules
Certifications : ISO 9001, ISO 14001 ISO 45001 et SQAS (Safety & Quality Assessment System)
TLR est membre du Groupement FLO.
Offre : Pilotage de flux, logistique de distribution , co-manufacturing, , gestion des retours et support SAV, transports industriels et techniques, transports exceptionnels, prestations citernes , distribution nationale et européenne en lots, messagerie palettisée avec le groupement FLO, lavages et lavages intérieurs de citernes, .
De l’aide à la transformation digitale
TLR Robinet, mais aussi des Routiers Bretons, Bert ou encore les transports Sudre dans de précédents numéros de TRM Le Guide… Des entreprises de toutes tailles font appel à des experts technologiques du secteur pour les accompagner dans leur choix et leurs déploiements informatiques. Comme le montre le présent article, les problématiques sont de plus en plus complexes.
« Que ce soit au niveau de la dématérialisation, la télématique, l’IoT ou le TMS, Scaldis Conseil aide le transporteur à repenser son entreprise en fonction de ses clients, de ses processus et de son équipe, ce qui s’avère pour beaucoup un exercice difficile et laborieux, souligne Johan Tielemans, consultant Directeur de Scaldis. Scaldis Conseil aide le transporteur et son équipe à prendre du recul par rapport aux acteurs divers et variés qui offrent des solutions plus ou moins adaptées aux besoins de l’entreprise, à comprendre les enjeux stratégiques et à surmonter les obstacles de technologies existantes. D’ailleurs, le défi n’est pas toujours technologique, mais souvent humain. »
Le conseil informatique passe par des phases d’audit et d’analyse et par des visites d’entreprises qui ont déjà fait cette démarche. « Le digital permet d’améliorer la prise en compte de nombreux paramètres et de fournir des outils d’aide à la décision et de tracking, poursuit le conseiller. Les tâches sans valeur ajoutée doivent être automatisées pour laisser du temps à l’intelligence humaine, laisser pleinement s’exprimer le bon sens et le pragmatisme pour répondre aux situations. J’aide les transporteurs à découvrir que l’innovation qui inonde le marché n’est pas une fatalité qu’ils doivent subiret mais une opportunité pour reprendre la main et redorer le blason de son propre éco-système digital. Par exemple : est-ce que les transporteurs doivent adopter les plateformes externalisés ou est-ce qu’ils peuvent aussi créer leurs propres services numériques pour mieux servir et fidéliser leurs clients ? Est-ce qu’il est pertinent d’utiliser la télématique proposée en première monte par les constructeurs de poids lourds, de remorques, de groupes frigorifiques ou faut-il préconiser les solutions en deuxième monte? Ou est-ce qu’il existe une troisième voie ?