Télématique semi-remorque : Fonctions et interfaces pour faire le bon choix

Qui n’a jamais perdu une semi-remorque pendant quelques heures ? Gage de l’intégrité de la marchandise, les véhicules tractés nécessitent un suivi renforcé. En plein essor, les solutions télématiques dédiées proposent une multitude de possibilités. Un tour d’horizon du marché.

Article écrit par Christelle Bretaudeau, publié en octobre 2020 dans TRM le Guide G7

Un système GPS est la base de la télématique. La géolocalisation implique l’équipement d’un boîtier électronique transmettant les données au transporteur. Il existe deux options à considérer, qui comportent chacune des avantages et des inconvénients.

D’une part, le boîtier équipé d’une batterie autonome est rapide à installer. Il ne nécessite aucun branchement à l’électricité de la semi mais sa durée de vie peut s’en trouver limitée. En effet, plus le nombre de données à remonter est important, plus la batterie s’épuisera rapidement. A l’inverse, le boîtier non autonome, connecté à la semi, demandera un montage plus long mais la fiabilité dans le temps est plus forte. Ce choix est impactant sur le long terme car il conditionne le volume de données à transmettre et les temps de service tout au long de la vie de l’équipement : montage, démontage, SAV. Par exemple, un transporteur avec un parc de semi frigorifiques nécessite des remontées de données très régulières y compris en stationnement et le week-end. Il n’optera pas pour la même solution qu’un confrère propriétaire d’un parc de véhicules bâchés.

L’intelligence autour du GPS

Le seul GPS n’est pas source d’une forte valeur ajoutée pour les transporteurs au regard de l’investissement à réaliser. Mais si le traitement de l’information de cette localisation apporte de l’intelligence, cela devient plus pertinent. Savoir qu’une semi se déplace, c’est bien mais c’est encore mieux si l’on sait qu’elle se déplace alors qu’elle ne le devrait pas, comme dans le cas d’un vol ! Ce sont les fonctions de géofencing.

 

 

La géolocalisation permet aussi de récupérer les kilomètres roulés de ces matériels comme on sait le faire pour les tracteurs. A partir des remontées kilométriques, on peut alors affiner le programme de passage à l’entretien préventif ou obtenir un rapport objectif du taux d’usage de son parc pour identifier les typologies de matériels à vendre et à renouveler. Des solutions telles proposées par Michelin EffiTrailer, ou encore AS24 Findit, produisent de tels rapports. Certaines effectuent même une restitution commentée aux clients chaque mois.

Mais lorsque l’on a déjà une solution d’informatique embarquée sur les moteurs, il n’est pas très pratique de devoir consulter un autre logiciel, aussi ergonomique soit-il, pour consulter le positionnement de ses semis. Comme souvent, la question des interfaces représente donc un critère de choix majeur.

La température : une donnée essentielle

Les sociétés de transport sous température dirigée doivent répondre aux attentes spécifiques de leurs clients : maintenir la chaîne du froid dans un véhicule le temps du transport et pouvoir justifier de la bonne gestion de la température tout au long du trajet. L’exploitant doit veiller à ce que le conducteur respecte le point de consigne lors de son chargement, et doit rester vigilant au cours du voyage.

Les fabricants de groupes frigo, Thermoking et Carrier, ont développé des systèmes de capteurs spécifiques pour surveiller le respect du point de consigne en temps réel. Un tel dispositif nécessite une carte SIM GPRS pour remonter les données en temps réel. Cependant, si un transporteur détient un parc mixte de groupes frigos entre les deux équipementiers, il a inévitablement deux sources de données dans des environnements logiciels différents. Comme pour la géolocalisation, la centralisation des infos est nécessaire.

 

Jusqu’à présent, chez les chargeurs, les contrôles des courbes de températures étaient limités et ponctuels. Mais la tendance évolue vers une visibilité permanente. Les températures doivent être mises à disposition au travers d’un portail web et rattachées à la commande du client. Le lien à la commande implique une interface entre le TMS et la solution de télématique.

La gestion du pneu : un gain potentiel

La gestion des pneumatiques est incontournable et essentielle. Les éclatements sur la route sont dangereux. Ils engendrent des risques corporels, matériels et pour la marchandise. Les limiter est un enjeu sécuritaire. Ils représentent également un poste de charges financières important alourdi par des dépannages toujours trop coûteux. Une des causes principales de la détérioration d’un pneu est une mauvaise pression qui peut conduire à un dépannage, mais engendre aussi de la surconsommation. Le bon suivi de cette pression dans chaque pneu nécessite de nombreuses heures de main d’œuvre. C’est pour cela qu’il n’est pas toujours bien réalisé.

La surveillance automatisée à distance et en temps réel est une alternative pertinente. Les manufacturiers sont très impliqués dans la recherche d’une solution efficace. La technologie appelée TPMS à base de capteurs positionnés dans la roue et sur la jante a fait ses preuves. Ces derniers mesurent la pression et surveillent la température à l’intérieur de la roue 24h sur 24. Les informations ainsi collectées, associées à un algorithme prédictif permet d’anticiper les crevaisons lentes, les éclatements et donc d’éviter des dépannages. C’est un gain substantiel. Ces capteurs sont dotés d’une carte GPRS pour la remontée de données et permettre donc de géolocaliser. C’est une deuxième voie vers la télématique des semis.

Pour autant, malgré des applications mobiles très ergonomiques comme celle développée par Goodyear, il est toujours pénible pour un utilisateur de consulter des données dans un environnement tiers de travail. C’est pourquoi, là encore, il est indispensable de prévoir une interface entre ces systèmes et celui de l’informatique embarquée.

La connexion EBS, source d’optimisation des entretiens

Les essieux sont l’organe le plus soumis à l’usure sur la semi-remorque. Ils nécessitent donc des contrôles préventifs réguliers. A la différence des moteurs à qui l’on associe des contrôles à échéances kilométriques, le préventif sur les semis est plus difficile à mettre en place.

Les fabricants d’essieux, préoccupés de connaitre la donnée d’usure de leur équipement comme Wabco ou BPW, ont à leur tour développé des capteurs connectés à l’EBS pour remonter les taux d’usure les plus courants comme ceux des plaquettes, mais aussi les alertes anti-renversement ou les codes erreurs. Ces capteurs ont intégré eux aussi une carte GPRS qui géolocalise la semi. C’est une troisième raison de se diriger vers la télématique du matériel tracté.

Cette fois, pas besoin d’une interface avec le TMS mais avec la solution de gestion de parc (FMS) pour mettre en place un échéancier de visites préventives comme pour les matériels roulants et ainsi pouvoir gagner en précision quant au moment où il est nécessaire de procéder à un changement de pièce.

 

Devant ce bouquet de solutions, il est donc primordial de définir ses besoins et ses priorités avant de décider d’un investissement de télématique pour son parc tracté, selon son métier, les exigences de ses clients et son système d’information en place. Il faut investir intelligemment pour ne pas se retrouver avec une quantité astronomique de données de géolocalisation en même temps pour une même immatriculation. Il est nécessaire d’implanter un système qui puisse non seulement traiter les données dont le transporteur a besoin aujourd’hui, interfacées avec ses outils, mais également capable de faire évoluer la solution rapidement pour couvrir des demandes futures.

Verrouiller à distance

Parmi les dernières évolutions notables des solutions du marché, on notera celle du verrouillage des portes à distance. Au-delà des traditionnels capteurs d’ouverture de portes, il est maintenant possible de piloter la fermeture sécurisée de ses semis. Très utile pour les fourgons et les semi-frigorifiques, le système se révèle moins pertinent sur des tautliners puisqu’elles peuvent être déchargées par le côté. Adaptables sur tous types de portes, complétés par un système de plombage virtuel pour certifier au client par voie dématérialisée qu’aucune porte n’a été ouverte durant le trajet, ces solutions deviendront peut-être un nouveau critère pour les chargeurs confiant de la marchandise à très forte valeur comme l’habillement de luxe, ou pour des transports dans des zones à risques comme certains pays d’Afrique.

 

 

Il est clair que la télématique autour de la semi-remorque ne cesse de se développer avec des applications métiers de plus en plus intéressantes. Il représente néanmoins un investissement important et des coûts récurrents supplémentaires. Il est donc indispensable de mesurer le retour sur investissement avant toute décision.

Christelle Bretaudeau

Photos ©Wilfried Maisy / sensimages.fr

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