Les logiciels de gestion de la cour (YMS) automatisent le contrôle d’entrée des camions, leur guidage sur le site et la préparation des commandes à quai afin de réduire les temps d’attente.
Entre des WMS bardés d’IA pour t accélérer le traitement des flux en entrepôts et des TMS de mieux en mieux interfacés afin d’optimiser la planification des transports, le chainon manquant est encore souvent le transfert des marchandises entre les quais de chargement et les camions qui se succèdent sur les sites logistiques. Les temps d’attente pénalisent les transporteurs, surtout lorsqu’ils n’utilisent pas d’outil web de prise de rendez-vous ou parce qu’en amont les marchandises à quai n’ont pas été préparées sur le modèle « juste à temps ». Sur la base de ce constat et face à la croissance des flux notamment e-commerce, les éditeurs de solutions de supply chain management ont développés de nouveaux modules de gestion de la cour intégrant diverses fonctions de préparation des quais, de prise de rendez-vous transporteurs et de guidage des conducteurs sur les sites logistiques. Ces modules appelés YMS (Yard management system) s’insèrent entre le WMS et le TMS. Ils permettent d’automatiser des processus souvent gérer manuellement par les opérateurs de cour ou de quai qui recensent les équipements disponibles sur les sites logistiques ou orientent les camions à leur arrivée vers une zone d’attente ou vers le quai de chargement ou déchargement qui leur est affecté. Le YMS collecte ainsi les données, souvent issues d’objets connectés, provenant du TMS ou de l’informatique embarquée des camions ou remorques concernant leur identification, leur position, le numéro de lot associé. Le logiciel les met ensuite en corrélation avec les informations du WMS qui dispose des datas sur la préparation des palettes et décide de leur emplacement sur les quais, des besoins de préparation ou de caristes et trace leur entrée ou sortie de l’entrepôt. Automatiquement, le module peut enclencher dans le WMS la mise à disposition des marchandises et parallèlement guider le camion jusqu’à son quai de destination.
La promesse d’une productivité accrue
Le marché, estimé à 3,6 milliards de dollars en 2020, est en croissance et devrait atteindre 7,3 milliards de dollars en 2026 selon le cabinet Global Industry Analysts. La promesse du YMS est de synchroniser des opérations de l’entrepôt avec les événements réels de la cour afin d’anticiper les flux de chargement et déchargement et de les planifier au plus fin. Le logiciel digitalise la prise de RDV et réduit les temps d’attente des chauffeurs. Il permet aussi de mesurer le taux de ponctualité et la performance des transporteurs. Parmi les gains avancés par les éditeurs d’YMS (dont Acteos, Generix, Inetum, Kratzer Automation, Korber ou Manhattan Associates) on retrouve l’amélioration de la productivité par la suppression des tâches manuelles de prise de rendez-vous et de contrôle d’entrée/sortie des transporteurs au profit de process automatiques. L’association du logiciel de gestion de la cour au WMS autorise une gestion fine et agile des ressources de l’entrepôt en temps réel en fonction des capacités de transport disponibles à l’instant T. Le YMS peut même capter les informations de géolocalisation des camions ou les ETA via des connexions avec les plateformes de visibilité de type FourKites ou Shippeo entre autres.
Prise de rendez-vous et parcours digitaux
L’outil doit aussi accélérer les opérations afin d’améliorer le taux de ponctualité et réduire les temps d’immobilisation des transporteurs, avec également des gains de consommation de carburant. Il inclut des modules web de validation des créneaux de passage pour les transporteurs, la gestion des arrivées et des départs sur site, l’affectation avec éventuellement le guidage GPS du conducteur jusqu’au quai et l’enregistrement des temps d’opérations sur le site. L’outil permet en outre de tracer et d’archiver les entrées/sorties de marchandises sur les sites, dans un souci de traçabilité accrue. Les éditeurs ont tendance à coupler le YMS aux systèmes de contrôle de la cour, à savoir les barrières à l’entrée, les bornes d’identification des conducteurs, la vidéosurveillance, d’éventuels panneaux numériques d’informations ou de guidage des camions vers le bon quai.
Mediapost digitalise la prise de rendez-vous des transporteurs
GFI, devenu Inetum fin 2020, a déployé en 2019 sa solution OptiDock sur les 53 sites de réception de Mediapost, filiale de la Poste dédiée à la distribution d’imprimés publicitaires en France. L’YMS est utilisé par les pilotes de réception sur les sites qui y saisissent les rendez-vous pris par les transporteurs. « Aujourd’hui, quand un transporteur m’appelle pour me dire qu’il ne parvient pas à prendre de rendez-vous sur telle plateforme, je consulte les disponibilités sur OptiDock et j’appelle la plateforme pour les lui indiquer », illustre Edouard Moyaux, en charge du projet chez Mediapost. Parallèlement, cette visibilité permet de mieux répartir les ressources humaines et l’organisation de la production en fonction de la prévision des livraisons. L’outil permet aussi de gérer plus efficacement les transporteurs référencés en communiquant directement avec eux par mail en un clic. Par exemple en leur rappelant les modifications liées aux jours fériés ou un changement d’adresse de livraison d’un site. Auparavant, la communication se faisait à l’aide d’un flyer remis à chaque transporteur qui, la plupart du temps, n’arrivait jamais au responsable d’exploitation concerné. Après un an d’utilisation et plus de 100 000 prises de rendez-vous, Inetum interface OptiDock avec le TMS de Mediapost afin de permettre aux transporteurs de réserver directement des créneaux de passage. En complément Inetum propose Optiyard qui permet de téléguider les opérations et les mouvements des remorques sur les sites logistiques. Cette application web dispose de connecteurs avec les principaux ERP et se positionne entre le WMS et le TMS. Elle assure l’exécution des missions des opérateurs de cour déjà planifiées par OptiDock ou un module de gestion des quais tiers, via une interface sur tablette ou smartphone. Dans les cours, les gestionnaires reçoivent des ordres de mission leur indiquant la position et l’identification des remorques à entrer ou sortir du site. Pour cela Inetum cartographie la cour afin de connaître précisément les positions des véhicules, des quais, les éventuels sens de roulage. A terme cette base cartographique permettra à Inetum d’intégrer une fonction d’optimisation des parcours des camions et engins sur les sites logistiques. « Le portail de prise de rendez-vous OptiDock assure la planification des opérations et l’application OptiYard permet l’exécution des missions », explique Pierre Barrat, directeur commercial Distribution & Transport. « Via le TMS, OptiDock associe les commandes aux prises de rendez-vous transporteurs et planifie l’organisation du quai et le type de remorque à utiliser. Ensuite le gestionnaire envoie un ordre de mission sur OptiYard pour que l’opérateur cherche la bonne remorque et la dépose au quai où elle est attendue par exemple ».
Solutions du marché*
Editeur | Solution |
Acteos Yard Management | Acteos Yard Management |
Kratzer Automation | Kratzer Yard Manager |
Peripass | Peripass Yard Management |
Transporeon | Real Time Yard Management |
Inconso | Inconso YMS |
Inetum | OptiDock-OptiYard |
EasyProg | EasyProg SGA |
Generix | Supply Chain Execution |
Stackr | e-Gestrack |
*Liste non exhaustive