Chacun se souvient du show spectaculaire d’Elon Musk, seul sur scène avant l’apparition d’un tracteur de transport routier et sa semi-remorque. Les spectateurs étaient conquis par l’extraordinaire pouvoir de persuasion du gourou de Palo Alto qui avait alors annoncé le développement rapide de prototypes, puis les premières livraisons à des clients prêts à un coup de publicité à bon compte. En effet, sur le coup, les précommandes étaient nombreuses, réelles ou fictives, difficile à savoir … Le doute s’est installé après l’annonce des résultats du premier trimestre 2018. En réponse aux questions insistantes, Elon Musk s’est contenté de répondre que le projet prioritaire était la construction et la livraison aux clients du Model 3. Qu’en est-il alors du poids lourd. Le projet serait-il en suspend ? … Attendons les prochaines informations de la part du constructeur.
Le camion Tesla est-il mort né ?
Les raisons d’une mise en sommeil du camion Tesla sont multiples, à commencer par les difficultés de la branche automobile. Actuellement deux modèles sont en vente, le model S (79200 €) et le model X (86050 €) et le troisième, model 3, une berline grand public à partir de 35000 $ qui a du mal à sortir de chaine. Le Model 3 a été vendu à 400 000 exemplaires et serait produit au rythme de 2500 voitures par semaine. Voilà ce qui crée un véritable problème financier entre le manque de liquidité à cause des livraisons au compte-goutte et les sommes investies dans un outil de production qui ne rend pas le service attendu.
Nikola est beaucoup plus discret sur ses annonces et ses promesses
Clairement, aujourd’hui, Tesla n’a pas d’argent à investir dans une usine de poids-lourds et probablement (sans être devin) le camion-semi-remorque Tesla ne passera pas le cap du coup marketing audacieux auquel nous a habitué son emblématique patron. L’homme a des idées et du mérite, mais faut-il pour autant le suivre aveuglement ? Lors de la conférence de presse à la fin de ce premier trimestre, Elon Musk a répondu à une question en deux points, le nombre de précommandes et les premières livraisons. Le boss a annoncé 2000 précommandes, ce qui est peu pour lancer une production de série alors que les premiers camions devaient assurer des liaisons commerciales en 2019 ! Cela prouve que les transporteurs sont plutôt attentistes et les PepsiCo, Anheuser-Busch, UPS et autre Sysco (environ 300 commandes ou options pour ces quatre-là) ont fait aussi un coup de communication à peu de frais. Pourtant chez Tesla, on y croit. Il nous a été dit “il n’en reste pas moins que nous avons toujours commercialisé les produits que nous avons présenté au grand-public, qu’il s’agisse de véhicules ou de nos solutions de stockage d’énergie, Powerwall et Powerpack ou du toit solaire.”
Smith, une alternative pour le dernier kilomètre en association avec un partenaire chinois
Alors que l’entreprise doit absolument honorer les commandes de la berline model 3, Tesla a annoncé une réduction de ses investissements qui passeraient en 2018 de 3,4 milliards à 3 milliards de dollars. Où est aujourd’hui la place du camion Tesla dans ce dispositif ? Le projet, pour l’instant limité à un prototype, fera-t-il long feu ? Il semble que le camion électrique longue distance ne fasse pas l’unanimité, loin s’en faut, chez les transporteurs américains avec un nombre très faible de marques d’intérêt. peut être faut-ilprésenter le camion Tesla dans une configuration différente pour des distances courtes et moyennes. Aux Etats-Unis, d’autres prétendants sont à l’affut. Ils se nomment Nikola Motor, Smith et EV, entre autres. Ce dernier a attaqué Tesla, lui demandant 2 milliards de dollars pour violation de brevets. L’affaire n’est pas jugée. En Europe, plus pragmatiques et moins showbiz les constructeurs se préparent avec les poids-lourds et les utilitaires légers correspondant aux normes environnementales. C’est plus sérieux et pragmatiques. Electrique ou gaz pour les derniers kilomètres, hybride pour le régional, gazole ou gaz pour la longue distance, cela semble plus raisonnable. Les américains seront surement d’accord … d’autant que les passerelles sont nombreuses entre les deux continents.