Les photos de ce reportage sont © Jean-Yves KERBRAT
4 H 00 du matin, le porteur Scania GNV est à quai devant l’entrepôt de la STAF à Villeneuve-le-Roi (94), entreprise de transport spécialiste de la livraison aux commerces de proximité en Ile-de-France et en PACA. Le camion est facilement reconnaissable car le patron et fondateur en 1969 , Kara Mendjel a décidé de rendre hommage au personnel soignant. L’œuvre couvre la totalité de la caisse avec des portraits d’infirmières et des médecins … impressionnant et touchant.
Le Scania dédié aux Héros de la crise sanitaire est en cours de chargement
Nous sommes bien dans une période inédite où de nombreux corps de métier sont engagés dans la lutte, pour la santé d’abord, et ensuite pour le maintien à flot de la France. C’est là que les commerces essentiels et les transporteurs routiers sont devenus des rouages de première nécessité. Les gouvernants comme la populations le savent très bien et ils en sont souvent remerciés.
L’entrepôt de la STAF organisé pour un chargement rapide des camions
A l’intérieur de l’entrepôt, je retrouve Christophe Marquenet
Le conducteur occupé à charger les rolls et palettes pour deux livraisons dans Paris et banlieue. Il s’agit de deux magasins Intermarché. Bientôt, la caisse frigo Chéreau est pleine et le transpalette bien calé à l’arrière. Lorsqu’il faut livrer une moyenne surface, l’ensemble des produits nécessaires sont emportés en un seul voyage. Cela évite les réassorts trop fréquents. « Nous allons partir vers Asnières, mais avant, je vais m’arrêter à Rungis pour compléter le plein de GNC » prévient Christophe, 51 ans dont 23 ans à la STAF.
Halte pour un plein de gaz GNL à Rungis
4 H 40 En effet, ce porteur Scania G340 fonctionne au GNC. En route dans le nuit et un quart d’heure plus tard, arrêt à la station à l’intérieur du marché de Rungis. Il y a déjà un camion des transports Delanchy qui termine son plein « Cette station a l’inconvénient de ne pouvoir servir qu’un seul camion à la fois même s’il y a trois pistes. Il s’agit à priori d’un problème de compresseur sous-dimensionné. C’est dommage. Nous perdons du temps » regrette le conducteur.
Déchargement à Asnières, le transpelette électrique est à rude épreuve …
En route vers la première livraison à Asnières
L’autoroute A6 est déserte, seuls quelques camions filent vers Paris. Pareil pour le périphérique et jusqu’à destination, en longeant le quartier de la Défense. Etonnant cette ville quasiment déserte. Si Christophe connait l’itinéraire comme sa poche, il n’en revient pas d’un parcours aussi dégagé et une arrivée rapide à destination. Mais il y a une bonne raison au cœur du confinement Covid-19 qui oblige la majorité de la population à rester à la maison.
Embouteillage de rolls dans le magasin
5 H 15 l’Intermarché d’Asnières est éclairé et une personne s’active déjà à achalander les rayons. Une fois stationné et le rideau arrière relevé, le déchargement peut commercer « Pour aller plus vite, j’aide au déchargement jusqu’à rentrer les marchandises dans le magasin. Cela est grandement facilité par la qualité du matériel de manutention mis à notre disposition. Monsieur Kara Mendjel, mon patron, est un passionné du transport et il a une attention particulière au confort des conducteurs. Il équipe les camions de ce qu’il y a de mieux. Par exemple les hayons avec l’extrémité repliable en aluminium plus longue et plus légère. C’est plus facile à replier et cela permet de décharger davantage de marchandise à chaque fois » détaille Christophe qui pilote de main de maître son transpalette électrique Fenwick T16. Encore un choix judicieux, maniable et permettant l’emport de charges lourdes lorsqu’il faut monter un trottoir avec des rolls chargés de boites de conserve ou d’eau minérale.
L’immense hommage au personnel soignant ne passe pas inaperçu !
Entre temps, un second camion de la STAF est venu stationner
Les deux conducteurs sont complices et les gestes sont précis. Visiblement, il y a, à la fois, de la connivence entre eux, mais aussi avec le personnel du magasin contents d’avoir avec eux des partenaires et non pas de simples livreurs. Car dans le magasin, les rolls et palettes occupent maintenant de plus en plus de place et il y a un sacré travail jusqu’à l’ouverture aux clients.
Rideau baissé, prêt à reprendre la route
6 h 00 Après avoir rechargé quelques palettes et rolls vides, en route vers la seconde livraison, un magasin de la même chaine dans le 16ème arrondissement de Paris. Le jour s’est levé. Le travail est le même, mais ici, il s’agit de déposer un reliquat de commande. L’accueil est toujours chaleureux de la part du personnel d’un Intermarché qui se réveille. Il y a des appartements juste au-dessus. Christophe sait qu’il faut être discret et il dispose de matériel aux normes PIEK en respectant le seuil sonore maximal de nuit de 60 dB (A). La halte est de courte durée.
Retour dans un Paris désert, ici les Champs-Elysées
6 H 45 Le retour vers la base de Villeneuve-le-Roi (94) nous permet de parler matériel et métier tout en traversant un Paris étrangement désert. Comme à l’aller, l’impression est saisissante … et plus encore, car nous empruntons les grandes artères, avenue Foch, Champs Elysées, Concorde, boulevard Saint-Germain. Seuls les camions roulent en plus que quelques très rares deux-roues ou voitures dans les conducteurs ont une bonne raison d’être dehors.
Signe amical de Christophe à un collègue arrivant en face sur l’Autoroute A4
L’autoroute est tout aussi vide …
la mission du matin s’est passée à merveille. A partir du moment où le chargement de départ est conforme, il n’y a pas de raison … et c’est le conducteur qui vérifie. Christophe est satisfait de son travail et de son entreprise, car il sait qu’il est écouté « Notre patron connait la technique comme personne. C’est lui qui négocie directement avec les constructeurs et les équipementiers. De cette façon, il choisit ce qu’il y a de mieux pour nous et le service aux clients. Cela apporte de la productivité à l’entreprise, mais aussi un moindre effort dans le travail. Par exemple, mon camion est équipé d’un essieu directeur arrière, c’est essentiel pour les manœuvres en ville … mais rare dans les autres entreprises. J’ai également demandé un détecteur de longueur car parfois l’espace de livraison est compté. Nos camions en sont maintenant équipés. » se félicite Christophe qui termine sa journée vers 9H00 du matin, après une arrivée au parking vers 8h30, mission accomplie