Le transport routier était invité … Après plusieurs échanges téléphoniques ces dernières semaines, le ministre allemand des transports et des infrastructures numériques, M. Andreas Scheuer et la ministre française chargée des Transports, Mme Elisabeth Borne, se sont rencontrés pour la première fois le vendredi 11 mai à Paris. Les sujets à traiter sont nombreux, en particuliers le paquet mobilité aussi appelé paquet routier. Il s’agissait aussi de convenir des prochaines étapes de la coopération franco-allemande en matière de transports, en particulier s’agissant de la conduite automatisée et connectée ainsi que, de la mobilité propre et du fret ferroviaire.
L’Allemagne comme la France, ainsi que les sept autres Etats membres de l’Alliance du routier, ont formulé plusieurs propositions dans le cadre des négociations du paquet mobilité. Il est reconnu que celles-ci n’ont pas été suffisamment prises en compte. Dans la perspective du Conseil des Ministres des Transports du 7 juin 2018, les deux ministres regrettent vivement que les textes actuellement sur la table empêchent ce stade des négociations d’aller dans le sens de l’application du principe simple : « A travail égal, salaire égal, sur le même territoire », le principe de la concurrence loyale et la lutte contre le dumping social. Dans ces conditions, de telles propositions ne peuvent être acceptées ni par l’Allemagne ni par la France. Cette position commune sera portée à l’occasion de la réunion ministérielle de l’Alliance du routier organisée à l’initiative de la Belgique le 14 mai prochain à Bruxelles.
Concernant la conduite automatisée, il a été question de l’installation et la conception d’un site-test commun, étendu en septembre 2017 à la participation du Luxembourg, permettant un travail conjoint efficace entre les ministères pour l’élaboration de solutions de mobilité intelligentes et transfrontalières et le développement de solutions européennes. Ainsi, les ministres ont fixé la feuille de route suivante :
1) Lancer, dès aujourd’hui, un appel à manifestation d’intérêt pour des applications d’un intérêt commun particulier au domaine public, à l’économie et au monde scientifique. En outre, l’industrie et le monde scientifique sont invités à tester, à développer et à valider des solutions innovantes pour la conception de solutions de mobilité intelligentes sur le site test. Les personnes de contact aux ministères sont disponibles pour tout soutien en la matière ;
2) Effectuer, d’ici fin 2018, le premier test transfrontalier en grandeur nature sur le site-test numérique Les deux ministres ont souligné leur volonté de travailler communément sur les projets de mobilité propre et abordable. A ce titre, une initiative bilatérale a été lancée pour travailler spécifiquement sur l’électromobilité et la conduite automatisée et connectée, en vue de pouvoir effectuer, à un horizon rapproché, un trajet « propre » entre nos deux pays.
Enfin, les deux ministres ont aussi convenu, suite aux Assises nationales de la mobilité en France et du lancement prochain de la plateforme sur « L’avenir de la mobilité abordable et durable » en Allemagne, d’organiser des échanges stratégiques dans le domaine de la mobilité propre et abordable. Certains événements communs pourraient également avoir dans le cadre des consultations citoyennes sur l’Europe.
Voici deux déclarations des ministres :
Pour Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports : « L’Allemagne et la France sommes convaincus d’une chose : le transport doit avoir un prix. Non seulement parce que l’atteinte de nos objectifs en matière de réduction des émissions de polluants ne sera pas atteignable sinon, mais aussi parce que les évolutions des transports dans les prochaines années nécessiteront des investissements colossaux. Nous partageons ainsi les mêmes objectifs sur les dossiers européens : les règles européennes doivent lutter beaucoup plus ardemment contre le dumping économique et social Nous souhaitons également accélérer nos calendriers de travail conjoint sur la conduite automatisée et connectée et, la mobilité propre, car il en va, au final, du leadership industriel de l’Europe sur ce sujet ».
Pour Andreas Scheuer, Ministre fédéral des Transports et des Infrastructures numériques : « Nous voulons une mobilité intelligente, durable, sûre et abordable en Europe. La France et l’Allemagne qui sont un moteur puissant à cet égard, travaillent ensemble pour trouver des solutions équilibrées. Nous voulons maintenir des conditions de concurrence loyale et, en même temps, des marges de manœuvre nationales là où elles sont nécessaires et raisonnables ».