Mobilités et infrastructures de transport, les poids lourds devront payer …

Beaucoup de monde s’intéresse à la meilleure façon de se déplacer. Qu’il s’agisse du transport routier, des déplacements privés ou professionnels y compris collectifs. Les assises de la mobilités, lancées en septembre 2017 par le gouvernement avaient pour but de défricher un ensemble de concepts et aider chacun à réfléchir et apporter sa pierre à l’édifice. En première ligne, Syntec-Ingénierie, forte de l’expertise de ses 400 entreprises adhérentes, réparties sur le territoire poursuit son travail pédagogique.

La conférence, baptisée Meet.ING de l’ingénierie avait pour titre « mobilités de demain, quelles infrastructures pour quels usages ? » et rassemblée en petit comité François Poupard, directeur général des infrastructures, des transports et de la mer au ministère de la transition écologique et solidaire (le directeur de la DGITM est notamment celui qui participe à la création de tous les textes relatifs à la réglementation du transport routier et veille à leur respect)., deux (jeunes) députés Damien Adams 29 ans (LREM – Seine Maritime) diplômé en marketing et Jean-Marc Zulesi 29 ans (LREM – Bouche du Rhône) auparavant chef de projet dans l’industrie. Ils étaient reçus pas Nicolas Jachiet, président de Syntec-Ingénierie.

François Poupard

François Poupard lance le débat « Dans le contexte actuel où il est urgent d’entretenir l’infrastructure routière, si nous n’agissons pas rapidement, nous allons nous retrouver dans la même situation qu’avec le rail. Il y a en fait trois scénarios, mais entre les vaches maigres et les rêves les plus fous, nous seront dans la voie du réalisme qui permet de régénérer les routes malades et les grands ouvrages routiers avec un plan sur 10 ans doté de 10 milliards d’euros ». Mais pour cela, il faut aussi trouver les ressources supplémentaires.

Nicolas Jachiet prend la parole pour Syntec « Parmi nos propositions, nous retrouvons un certain nombre d’idées avancées par gouvernement qui permettent de générer de nouvelles ressources à travers la taxation du transport de marchandises poids-lourds, en conformité avec la Directive communautaire 1999/62/CE dite “Eurovignette”, à l’instar de pays voisins ». Cette hypothèse concerne bien sûr le réseau non concédé. Mais Syntec développe d’autres idées, par exemple, des recettes pourraient également être utilement dégagées par la mise en place de péages sur certaines sections du réseau national routier. Voilà qui va faire plaisir …

Nicolas Jachiet

Naturellement, il s’agirait d’un cadre expérimental et par l’extension de l’assiette du péage à l’ensemble des voies offrant un niveau de service proche ou équivalent à celui des autoroutes concédées. A ce moment-là, selon Syntec, les infrastructures étant déjà construites, le niveau de péage à retenir n’aurait pas à couvrir l’amortissement de l’investissement initial et resterait supportable pour l’usager. Dans un document diffusé, l’A63 entre Salles et Saint-Geours-de-Maremne est prise pour exemple. En outre, il est également précisé qu’un système de péage ouvert intelligemment déployé peut permettre d’exonérer le trafic purement local, dit de cabotage.

Mais François Poupard sait bien qu’une nouvelle taxe poids lourd demande une concertation avec les transporteurs routiers. Alors Nicolas Jachiet avance aussi la vieille idée du péage urbain « comme dans d’autres pays » à condition que l’argent perçu serve à l’amélioration de la qualité de la vie des citoyens et les performances des entreprises. D’où la réflexion de François Poupard « à propos des transports collectifs, il faut arrêter de baisser les tarifs. Le financement des transports coûte très cher » Il pense surement aux dernières propositions de la maire de Paris qui propose la gratuité promise aux parisiens.

Jean-Marc Zulesi

Le député Jean-Marc Zulesi, qui habite un petit village des Bouches du Rhône, pense qu’il faut élargir l’utilisation des futurs véhicules autonomes à l’ensemble de la population « Au dernier kilomètre jusque dans les villages en l’adaptant également aux transports collectifs ». Son collègue Damien Adams rejoint cette idée lorsqu’il dit qu’il faut revoir le principe de mobilité lorsque la voiture autonome sera opérationnelle « Il n’est pas question de laisser trois places libres dans ce type de véhicule. » Mais pourquoi alors ne pas le décider aujourd’hui avec le parc existant, quelle que soit l’énergie et l’équipement de la voiture. Cela s’appelle le covoiturage.

Dans l’évolution des véhicules autonomes, la data joue un rôle essentiel et il faut éviter que cela reste la mainmise des géants du Net à commencer par Google, maître des algorithmes et mastodontes de la data sociale. « Ces entreprises, toutes américaines, se sont développés grâce à des systèmes ouverts. Aujourd’hui, les européens doivent reprendre la main » insiste Damien Adams.

Damien Adams

Mais la mise au point puis le développement du véhicule autonome n’est pas si évident « Cette évolution est un sujet pour les quinze ans qui viennent. Pour commencer, il faut un déploiement complet de la 5G pour activer une communication efficace entre les véhicules. » explique François Poupard qui pense que les premières expérimentations se feront sur des voies dédiées « Pour cela, il faudra mettre en place des moyens de contrôle efficaces, mais qui ne soient pas intrusifs par rapport aux informations divulguées ». Nous en sommes donc aux prémisses d’un long cheminement qui va réserver de nombreux rebondissements …

Syntec-Ingénierie lance un appel à projets – date limite fin juin

La ligne de conduite de Syntec-Ingénierie est un rééquilibrage des moyens

Proposition 1 : Générer de nouvelles ressources à travers la taxation du transport de marchandises poids lourds.

Proposition 2 : Mettre en place des péages sur certaines sections du réseau national routier, dans le cadre d’une démarche expérimentale, et étendre l’assiette du péage à l’ensemble des voies offrant un niveau de service proche ou équivalent à celui du réseau concédé.

Proposition 3 : Renforcer les mécanismes d’affectation des recettes et de transferts financiers entre modes de transport.

Proposition 4 : Mieux évaluer les projets d’investissements, en y incluant les externalités qu’ils génèrent (sécurité, développement durable, prise en compte de la trajectoire d’évolution de la taxe carbone…).

Proposition 5 : Créer un système contractualisé de bonus de dotations de l’Etat aux collectivités territoriales pour soutenir leurs efforts d’investissement.

Proposition 6 : Engager une réflexion sur une éventuelle valorisation financière des données ou services numériques rendus par les autorités publiques, quand elles sont utilisées dans un objectif commercial.

Proposition 7 : Donner aux Autorités Organisatrices de la Mobilité un droit de propriété de l’intégralité des données produites dans le cadre de l’exploitation et de la maintenance des réseaux de transport et services de mobilité.

Proposition 8 : Mettre en place des plates-formes territoriales neutres, permettant de décloisonner, combiner et stimuler les offres opérées par les acteurs privés.

Proposition 9 : Disposer d’une vision d’ensemble permettant de traiter à la fois des questions d’infrastructures, de matériels et de services associés dématérialisés ou non, pour répondre aux enjeux de la mobilité du quotidien.

Proposition 10 : Encourager la gestion patrimoniale et optimisée des réseaux par les gestionnaires pour répondre aux enjeux de réduction des coûts, de sécurité et de qualité de service.

Proposition 11 : Pour faire face au défi de la modernisation des réseaux ferroviaires existants, faire davantage appel à l’ingénierie externalisée, notamment sur des missions entières de maîtrise d’œuvre (« blocs projets »), gage de performance et d’efficacité pour le système ferroviaire.

Proposition 12 : Dans une perspective de gestion patrimoniale et pour tirer pleinement bénéfice de l’exploitation des données, laisser la capacité aux Autorités Organisatrices de la Mobilité de maîtriser leurs infrastructures et systèmes de transport sur l’ensemble des enjeux de sécurité, qualité de service et coûts, dans une logique de soutenabilité et en toute indépendance des opérateurs.

Proposition 13 : Engager une réforme de la gouvernance de la mobilité pour développer les passerelles intermodales, faire émerger des offres de transport complémentaires et cohérentes et réaliser des gains en exploitation.

Proposition 14 : Adopter une démarche d’ingénierie système intégrée, comprenant la dimension économique des projets, avec une approche par le coût global et la prise en compte des externalités, pour développer une offre de transports multimodale

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