L’univers du transport routier est multiforme. Lorsque Michel Sarrat, président de GT Location invite les journalistes, ce qui arrive au minimum deux fois par an, il parle beaucoup des conducteurs et de la place privilégiée qu’ils occupent dans cette entreprise familiale de 1700 salariés qui a fêté ses 70 ans. Pour cette raison, nous avons eu l’envie, chez Transportissimo de les voir à l’œuvre dans l’univers parfois hostile et stressant de la livraison urbaine. Michel Sarrat comme Pascal Guillot, directeur général, donnèrent un accord immédiat. Il restait à trouver la date. L’approche des fêtes de fin d’année est une période propice habituellement chargée et il semblait intéressant de choisir ce moment-là pour se glisser dans la cabine du camion.
Pour une tournée parfaite, le classement des bons de livraison est indispensable
Contrat de confiance
Le rendez-vous est pris avec Gérard Cussaguet, responsable GT Location Ile De France Sud qui s’inquiète « 3h45 du matin, c’est peut-être un peu tôt pour vous ? » … « Mais non, pas du tout, si c’est l’heure de début de service, je serai là. ». L’entrepôt du grossiste en produits frais, situé dans une zone d’activités de Morangis (91) est déjà en pleine activité. Il accueille, dans une partie de ses installations, d’un distributeur de produits laitiers. Les camions à quai attendent leurs chargements. Le secteur « produits laitiers » est dédié à l’équipe GT Location qui a un contrat d’exclusivité de service avec ce distributeur de produits haut de gamme depuis presque 60 ans qui dispose de 5 caves d’affinage et d’une solide réputation. Il fallait donc un partenaire comme GT Location pour relever le défi de la livraison finale en Ile-de-France … en just-in-time. D’autant plus que cette entreprise réalise des prestations à la carte et sur mesure comme des plateaux, buffets, animations thématiques, présentations de produits personnalisables qui ne souffrent d’aucun retard.
Il est 4h30, l’entrepôt va se vider rapidement
Un professionnel aguerri
Je vais accompagner Pascal Damart, solide expérience de conducteur après une entrée dans la vie active comme apprenti charcutier. Mais très vite, il prend le volant en région parisienne et passe par Sopadi, puis Via Location et la Staf, toujours en livraison urbaine. Pascal entre chez GT Location en 2004 et il s’y trouve bien « C’est une entreprise qui respecte les conducteurs avec une bonne organisation du travail » estime-t-il. Aujourd’hui, il est un peu une référence auprès de ses responsables et ses collègues « C’est Pascal qui m’a expliqué le métier et j’ai tourné avec lui lorsque je suis arrivé dans l’entreprise » explique l’un de ses collègues avec un large sourire. Il est 4 heures du matin, les 16 conducteurs, pour 16 tournées, s’affairent au chargement de leurs camions stationnés en bout de travers où les cartons, caisses, palettes, briques de lait sont alignés. Chacun range la marchandise dans son véhicule en fonction de la tournée telle qu’il la connait « En effet, certains clients ne peuvent pas être livrés avant une certaine heure. Alors pour ne pas perdre de temps, il faut une bonne logique. Certains colis trouvent place sur les étagères, d’autres sur des palettes. » détaille Pascal qui va voir Cédric Laventure, l’exploitant de nuit.
Chaque conducteur charge son véhicule et optimise ainsi la tournée
Un chargement au centimètre
Il y a, en effet, un problème de place pour loger des plateaux de fromages destinés au Palais Omnisport de Bercy (aujourd’hui Aréna). Pas moins de trois palettes qui montent haut et ne sont pas stables. Les plateaux sont destinés aux loges VIP et doivent arriver intacts … Mais après avoir revu son plan de livraison, Cédric constate qu’il n’y a pas d’autre solution. Pascal va devoir trouver de la place … et retourne à son camion. Finalement, au bout de 10 minutes de rangement, au centimètre près, tout est rentré et les portes peuvent être fermées. « Pascal est toujours de bonne volonté et trouve la solution lorsqu’il faut » se félicite Cédric qui file régler un autre problème de palette mal rangée qu’il faut retrouver … ce sera fait. Pascal prend encore quelques minutes pour classer les bons de livraison dans l’ordre précis de livraison. Il explique « Vous voyez, celui-ci ne peut pas être livré avant 9h00 alors, nous passerons chez lui après une livraison dans le même quartier à faire plus tôt ». Voilà, il est 5h30. Nous partons à bord de l’Iveco Daily version poids-lourd (7,5 tonnes) chargé pour 23 livraisons. « Mon secteur est dans Paris, les 4ème, 11ème, 12ème et la proche banlieue, Charenton, et aujourd’hui Vincennes où sera notre premier client. Je fais le détour pour rendre service à un collègue ».
Pascal soigne son chargement. La marchandise doit arriver en bon état.
Les villes ne sont pas adaptées aux livraisons
La petite ville de proche banlieue, encore endormie, est abordée à 6h10, déjà 40 minutes de route. Ça commence bien, il y a des travaux partout et il faut trouver son chemin. Pascal connait les lieux et contourne pour stationner derrière un porteur qui livre une supérette, juste devant le commissariat de police. Le reste se fera à pieds. Arrivé devant le restaurant, il faut trouver l’accès. Il a le code de la porte voisine et place les colis dans la cours au bout d’un long couloir. « Evidemment, les colis sont à la vue de tous et il y a parfois des vols. Les clients prennent leurs risques » dit Pascal qui dispose parfois des clés permettant l’accès à un local et même à la boutique. Ensuite, direction rue de Rivoli, avec quelques colis pour un petit hôtel. La présence pratique d’une porte latérale rend plus rapide la manutention. « On nous demande notre avis sur l’aménagement des véhicules mais il n’est pas toujours retenu. Par exemple, j’aurais préféré des rayonnages placés autrement » regrette Pascal qui a repris le volant vers le Bazar de l’Hôtel de Ville, puis un magasin de luxe avenue Daumesnil et un tour par Bercy (les plateaux de fromages) où le stationnement n’est pas facile. Ensuite ce sera de grands hôtels modernes dans le même quartier qui disposent d’espaces de livraison en sous-sol.
La manutention, et parfois le rangement, font partie intégrante du travail
Le dialogue pour avancer
La célèbre brasserie Bofinger, près de la Bastille, suivra, avec trois lieux de dépose depuis un même stationnement, ce qui est plutôt bien. Ensuite un restaurant sur les quais, puis un autre, rue des Archives, où nous étions déjà passés. Pause-café au restaurant Les Marronniers où j’offre un croissant à Pascal … c’est bien mérité, le jour même de son anniversaire. Maintenant, en route vers les restaurants du bois de Vincennes et un hôtel à Charenton puis la route du retour. « Il y a, avec la grande majorité des clients une belle qualité d’accueil » reconnait Pascal qui se souvient tout de même s’être vu fermer la porte au nez pour 5 minutes de retard sur l’heure précisé sur le bon de livraison. Ce jour-là, nous terminons la tournée à 12h30, alors qu’initialement, il pensait finir une heure plus tôt. Ensuite, il rentre à la maison pour une petite sieste. Parfois, à tour de rôle, l’après-midi, il part faire des livraisons urgentes. Si le métier est fatiguant, Pascal reconnait qu’il le vit toujours avec plaisir « Mais les conditions de circulation se sont beaucoup dégradées. Je me demande même si nous pourrons continuer à livrer certains quartiers. D’autre part, les créations de voies cyclables et autres couloirs de bus ne permettent pas le stationnement. Alors trop souvent, nous gênons la circulation » regrette ce professionnel aguerri qui touche un salaire de 2000 à 2200 € par mois en plus d’une prime annuelle de qualité qui peut se monter à 1200 € s’il n’y a pas de casse ou de manquant lors des livraisons. Il apprécie aussi le dialogue dans l’entreprise, même s’il reconnait que les suggestions émises ne sont pas toujours suivies d’effet ou suffisamment discutées « Nous devrions prendre plus de temps pour échanger afin de faire évoluer les conditions et l’efficacité de notre travail » pense-t-il
Merci à Pascal Damart qui nous a fait partager son expérience