Le transport routier, caillou dans la chaussure de l’Europe

Avec 560 000 entreprises employant 5 millions de salariés, le transport routier est stratégique pour le développement économique européen. Il s’agit sans doute aussi du plus important problème relationnel entre les états membres de l’UE. Les pays de l’Est usant de tout leur poids pour gagner la partie qui ressemble à un bras de fer dans les nouvelles négociations qui ont débuté à Bruxelles le lundi 3 décembre. Les ministres européens des transports, réunis pour l’occasion, n’arrivent pas à s’entendre sur un dossier en discussion depuis un an et demi !

Ouest, Est, les deux « espaces communautaires » ont toujours des objectifs opposés. L’Ouest a développé le concept d’alliance du routier pour lutter contre le dumping social des transporteurs de l’Est. Les pays de l’Est réclament toujours, pour leurs entreprises, une souplesse dans leur façon de pratiquer leur activité et accusent, naturellement, l’Ouest de protectionnisme déguisé. Par exemple, la question de l’application du détachement continue à envenimer les relations. La France veut qu’un routier soit considéré détaché dès qu’il roule à l’étranger, la Commission le propose après trois jours dans un autre pays, les pays de l’Est défendent l’idée d’une dizaine de jours ! Ces derniers sont d’autant plus fermes qu’ils jugent que la récente réforme du travail détaché est un cadeau fait à la France et l’Allemagne.

Pour ce nouveau round bruxellois, les participants, qui qualifient cette réunion de « match retour » étaient pessimistes en début de soirée. Cela veut dire que le match aller a eu lieu et que chacun considère sans doute qu’ils étaient rentrés chez eux sur un « nul ». Entre temps, la montée des populismes et la pression sociale incitent chacun à ne rien lâcher (ou à la marge), à l’exemple du gouvernement français empêtré dans la fronde des gilets jaunes. De leurs côtés, les pays de l’Est, menés par la Pologne et la République Tchèque demandent de la souplesse pour un trafic fluide sur tout le territoire européen au nom du marché unique.

Les points d’achoppement sont nombreux et ne faciliteront pas un accord global, devenu hypothétique tant la tension est grande entre les négociateurs. Pêle-mêle, les questions de rémunérations des conducteurs et du concept de détachement (quel salaire touche-t-il, à partir de quand, combien de temps), le temps de repos en cabine et les retours réguliers vers les pays d’origine … Naturellement, le cabotage est toujours au cœur du débat. « Toute opération de cabotage tomberait sous le régime du détachement avec un maximum de trois opérations en sept jours. Mais un délai de carence serait instauré. Un camion ne pourrait revenir dans l’Etat qu’il quitte avant un minimum de sept jours. L’Est veut réduire cette durée, l’Ouest la renforcer » explique un spécialiste. Le bras de fer se poursuit dans une Europe livrée aux pressions socio-économiques. Nous vous tiendrons au courant …

 

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