Depuis 2019, les tachygraphes numériques sont localisés par satellites et peuvent communiquer leurs informations à distance aux forces de l’ordre en utilisant un système semblable à celui des badges de télépéage. De là à utiliser le tachygraphe comme badge de télépéage, il n’y avait qu’un pas. Axxès et Continental l’ont franchi.
Stop à la multiplication des boîtiers communicants ventousés sur les pare-brise ou vissés sur les tableaux de bord ! Tandis que les télématiciens préfèrent désormais agréger les données issues de boîtiers « première monte » ou venues d’applis sur smartphones, le petit monde du télépéage suit la même voie en utilisant les tachygraphes numériques comme des badges de télépéage !
Pour ce faire, Axxès, spécialiste du télépéage, et Continental, principal fournisseur de tachygraphes numériques, ont uni leurs compétences. La fonction de communication des tachygraphes numériques obligatoires depuis 2019 s’appuie sur un module DSRC (Dedicated Short-Range Communication). Ce module de radiocommunication courte portée est calqué sur celui du télépéage. Dès lors, « il suffit » de lui ajouter la fonction « télépéage » pour utiliser les tachygraphes récents comme badges de télépéage.
En pratique, Axxès ajoute une couche logicielle au matériel Continental. Résultat, il est possible de se passer d’un boîtier consacré au seul télépéage sans perdre en qualité de service. Axxès et Continental utiliseront les données communiquées par les tachygraphes VDO DTCO 4.1 (Continental) et les transféreront par VDO Link vers les serveurs d’Axxès en passant par la plateforme CRUS (Continental Road Usage Service). Continental fournit le matériel embarqué et le service de transfert de données jusqu’aux serveurs, Axxès apporte la fonction télépéage et les services associés.
Bien qu’Axxès, entreprise lyonnaise spécialiste du télépéage, soit convaincue que les transporteurs comprendront immédiatement les avantages du télépéage par tachygraphe, elle souhaite leur laisser le choix. Les transporteurs pourront poursuivre l’utilisation d’un boîtier de télépéage dédié (OBU, on board unit) dont une version mise à jour sera bientôt proposée.
Frédéric Lepeintre, CEO d’Axxès déclare « L’introduction du péage par tachygraphe est une étape importante pour le secteur européen du télépéage poids lourd. Nous sommes très fiers d’être les premiers à introduire le péage par tachygraphe. Cette nouvelle solution est plus précise et plus sûre car elle utilise des technologies connectées déjà présentes dans les camions et évite le montage d’OBU. Elle ouvre également de nouvelles opportunités pour nos utilisateurs et partenaires car le péage par tachygraphe permet la convergence des services de gestion de flotte et de paiement des péages sur une seule plateforme à travers nos API de connexion [API : Application Programming Interface, NDLR]. »
Equipement obligatoire et normalisé, le tachygraphe numérique communicant et localisé par satellites a vocation à devenir le principal boîtier de communication d’un véhicule lourd en réunissant des informations échangées avec différentes sources (sondes, télémaintenance, services divers, etc.).
Le smartphone a remplacé l’appareil photo, le caméscope, le baladeur MP3, le dictaphone, le boîtier GPS, la calculatrice, la lampe de poche, le miroir de poche, le réveil, le calepin, l’agenda, l’album photos voire le téléviseur et bien d’autres appareils et objets en mettant son matériel (écran tactile, processeur, moyens de communication et de localisation) à la disposition de divers services fournis sous forme d’applis et facilement sélectionnés par l’utilisateur. Selon le même principe, les tachygraphes numériques communicants sont appelés à accueillir des services optionnels comme le télépéage et bien d’autres.
Comparé aux télématiques « première monte » des constructeurs, le tachygraphe numérique a l’avantage d’être obligatoire et de s’appuyer sur une norme européenne. Ce dernier point ne vaut que pour ses fonctions obligatoires.
Hégémonique sur le marché de la première monte, VDO (Continental) est bien placé pour imposer le tachygraphe comme cœur des échanges de données embarquées. Conséquence de cette position dominante, la plupart des données du transport pourraient à terme passer par les serveurs de Continental.
Au niveau du cadre réglementaire, le règlement d’exécution (UE) 2016/799 met en œuvre le règlement (UE) 165/2014. Ils imposent le montage de tachygraphes numériques localisés et communicants. Quant à l’interopérabilité des systèmes de télépéage à l’échelle européenne, elle était prévue pour 2012 par la directive 2004/52/CE jamais appliquée en raison de blocages nationaux. La directive (UE) 2019/520 du 19 mars 2019 (Règlement d’Exécution (UE) 2020/204) lui a succédé et devait être traduite dans les droits nationaux des Etats membres de l’UE au plus tard le 19 octobre 2021. Pour la France, il s’agit du décret n°2022-503 du 7 avril 2022.
Crédit photo : Axxès.
