Intralogistique : la robotisation est-elle toujours un atout ?

Comme toute solution technologique, la robotisation a son domaine de pertinence et n’est pas généralisable à tous les cas d’usage. Elle peut apporter des avantages concurrentiels appréciables à condition de n’avoir pas été mise en place avec de mauvais motifs ou en bloquant les possibilités d’évolution.

Certains entrepôts ne sont robotisés qu’afin d’être survalorisés dans la perspective de leur cession. Le candidat à la reprise doit donc étudier la pertinence de la robotisation d’une installation, la pérennité de la solution (maintenabilité, etc.), sans oublier sa capacité à évoluer. A défaut, la robotisation peut devenir un carcan qui bloque l’évolution d’une organisation.

Des outils pour la productivité

Un entrepôt automatisé est susceptible de fonctionner 24/7 dans le cadre d’une chaîne logistique. Dans un tel entrepôt, on pourra trouver des systèmes de stockage automatisés, des bras robotiques, des robots mobiles autonomes et des véhicules AGV (véhicule à guidage automatique), sans oublier le système informatique qui permet leur fonctionnement et s’interface avec les autres outils informatique de la chaîne logistique. Tous les outils sont spécialisés. Il est évident qu’un dispositif conçu pour l’agroalimentaire surgelé conditionné en caissettes n’est pas directement utilisable dans le secteur de la mode où l’on manipulera des vêtements sur cintres. La nature du conditionnement est un critère déterminant. La robotisation s’adapte facilement à des boîtes parallélépipédiques rectangles, revêtues de codes 2D lisibles, relativement peu fragiles et s’accommodant de convoyeurs ou de dispositifs de préhension. Elle est moins à l’aise avec des sachets translucides stockés en vrac et dont on espère un prélèvement à l’unité. Les possibilités techniques de la robotisation sont sans cesse repoussées, mais l’éloigner de sa « zone de confort » détériore sa fiabilité. C’est pourquoi de nombreuses solutions robotiques collaborent avec des opérateurs humains. Dans ce cas, qui complète qui ? L’humain intervient-il pour pallier les limites de la machine ? Ou bien la machine est-elle un multiplicateur des capacités humaines ? Les deux.

Le périmètre de la robotisation

La promesse de l’automatisation de la conduite des véhicules sur la voie publique (conduite autonome niveau 5 SAE, sans humain à bord) laisse entendre que les opérations logistiques de base (transport, transbordement, stockage, etc.) pourront toutes être automatisées. L’évolution à terme pourrait mener à une chaîne logistique sans intervention humaine.

Les briques technologiques existent déjà pour automatiser les opérations logistiques dans des enceintes privées. Déplacer des semi-remorques, des conteneurs, des caisses mobiles, des palettes, des caisses entre des véhicules et des surfaces de stockage est automatisable. Aujourd’hui, seule la circulation sur la voie publique résiste à la déshumanisation. Pourquoi ? Parce que la robotisation ne fonctionne parfaitement que dans des environnements largement prévisibles et standardisés. L’événement aléatoire et la prévention d’accidents corporels dégradent très fortement les performances d’un système automatisé.

Dans une enceinte logistique, un robot d’entrepôt peut déplacer des marchandises entre deux points, les placer ou les prélever sur des rayonnages, voire préparer des commandes en assurant l’ensachage, la mise en caisses, l’étiquetage, la préparation des lots à expédier et leur répartition entre les transporteurs.

Quelle est la flexibilité de la robotisation ?

Les promoteurs de la robotisation mettent en avant sa flexibilité. Celle-ci est relative et mérite une étude précise, argumentée, fondée sur des réalisations fiabilisées. Comment la solution robotique en place ou envisagée pourra-t-elle s’adapter aux évolutions raisonnablement prévisibles de l’activité de l’entreprise ? La spécialisation d’une solution est-elle un atout concurrentiel ou au contraire, un plafond de verre ? En tant que maillon d’un système plus global, la robotisation est-elle apte à la migration d’un système informatique, à l’évolution de ses capteurs d’identification ou à celle des dispositifs de préhension ou de convoyage ?

Humain et robot, le temps de la collaboration

La robotisation pallie le manque de volontaires pour travailler en entrepôts. Elle limite par ailleurs leur exposition aux troubles musculo–squelettiques (TMS). La robotisation est un facteur de sécurité face aux charges lourdes. Elle augmente la productivité et réduit le risque d’erreur lors des identifications ou en cas de marchandises qui ne seraient pas rangée à l’endroit prévu. La robotisation bien menée apporte donc qualité de service et réduction des coûts d’exploitation.

Quel robot pour quelle fonction ?

L’appellation AGV (Automatic Guided Vehicle) réunit aujourd’hui une grande diversité de véhicules. Il peut s’agir de chariots à fourche entièrement automatisés, de véhicules surbaissés qui se glissent sous des caissons pour les déplacer après les avoir décollés du sol, de tracteurs pour des chariots, etc. Les systèmes de guidage pour ces engins sont également diversifiés. Les plus communs sont tracés au sol. Les AGV sont courants sur les grands sites de production afin d’assurer les échanges entre les zones de stockage et les zones de fabrication.

Alors que l’AGV suit généralement un itinéraire prédéfini, l’AMR (autonomous mobile robot) se caractérise par une plus grande liberté de déplacement (souvent fondée sur un plan mémorisé de l’entrepôt) déterminée par la variabilité de l’opération qui lui est demandée.

Le rangement et le prélèvement de contenants standardisés (palettes, caissons, etc.) peut être confié à des convoyeurs ou des transstockeurs (alias « girafe »). Avec ces derniers, la hauteur de stockage peut atteindre 20 m et ainsi, optimiser l’exploitation de la ressource foncière.

Quant aux bras robotiques, ils se chargent de prélèvements, de retournements, ou d’agencements (« pick and place ») particulièrement appréciables avec les marchandises lourdes.

Tous ces systèmes doivent collaborer avec un logiciel de gestion d’entrepôt (WMS, warehouse management system) qui doit lui-même être intégré à tous les autres maillons logiciels de la chaîne logistique.

Quel avenir pour l’intralogistique robotisée ?

La robotisation de l’intralogistique est une tendance lourde. Elle n’est toutefois une réussite durable que si elle est menée pour de bons motifs avec les bonnes solutions. Elles doivent donc être fiables, rentables, maintenables, évolutives, non restrictives vis-à-vis des autres systèmes interfacés tout étant socialement acceptables. Comme toujours, des appellations trop souvent commerciales comme « intelligence artificielle » et « machine learning » vendent du rêve plutôt qu’une solution totalement opérationnelle. Pour fonctionner parfaitement, un entrepôt robotisé préfère n’être confronté qu’à des situations déjà consciencieusement programmées et fiabilisées afin que, littéralement, tout entre ou sorte de la bonne case.

Crédit photo : Mecalux.

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