Paul Guillemin, directeur général et co-fondateur de FretLink, revient sur la croissance de la plateforme d’intermédiation et les gains de la digitalisation du transport
Vous annoncez une croissance régulière de 35% du CA chaque mois, comment expliquez-vous ce succès de FretLink ?
FretLink est en effet passé de 7 000€ par mois à 1,5 M€ de CA dans l’année. Le contexte est favorable. On observe une vraie dynamique de transformation du marché, surtout en BtoB, où les grands industriels cherchent de nouvelles solutions pour sécuriser leur besoins de transport. Historiquement, les grands comptes ou leurs commissionnaires faisaient appel à de grosses structures de plus de 250 véhicules, fortement équipées qui ne représentent que 10% du marché en Europe. Mais face à la pénurie de près de 50 000 conducteurs en Europe, aux lois sur le cabotage qui se sont durcies, aux cessations d’activité plus nombreuses ces dernières années, mêmes ces grands transporteurs n’arrivent plus à répondre à la demande des chargeurs dans un contexte de reprise de la croissance. Les industriels se tournent en conséquence vers des solutions telle FretLink qui leur permet d’adresser directement les 90% d’entreprises de transport familiales et régionales restantes.
En quoi aidez-vous les industriels à fiabiliser leurs opérations de transport et les transporteurs à développer leur activité ?
Souvent les 90% de transporteurs évoqués précédemment ne sont peu ou pas équipés de systèmes de suivi du transport ni d’outils de mise en relation directe pour répondre aux appels d’offre des géants tels Procter & Gamble ou Showroom Privé. FretLink leur apporte d’abord un accompagnement humain à base de qualification par téléphone puis d’audit pour analyser l’activité, les moyens à disposition, les flux réguliers, les coûts. Le but est d’intégrer ces données aux algorithmes qui allouent le bon fret ou les bonnes tournées aux bons transporteurs. Ensuite on met à leur disposition des outils digitaux pour géolocaliser la flotte, recevoir les commandes des chargeurs et disposer d’indicateurs de performance. Aux chargeurs nous offrons une solution pour diversifier leurs prestataires de transport et réduire l’effet d’affrètement en cascade où l’on confie son fret à un commissionnaire qui sous-traite à un premier transporteur, puis un second, etc., avec à chaque fois un nivellement vers le bas de la qualité de service et une hausse des prix.
Concrètement, que faites-vous auprès des transporteurs ?
On réalise une première étape de qualification par téléphone, où nos équipes passent du temps avec le transporteur pour déjà bien comprendre son activité et ses moyens. Ensuite on atteste de la validité de leur licence communautaire de transport de marchandises, de leur attestation d’assurance et des données financières via un travail d’audit. On applique des méthodes similaires à celles des bourses de fret historiques mais sur nos solutions totalement digitalisées. Notre logiciel interne, un carrier directory, nous permet de piloter nos opérations de transport. Cet outil attribue des pools de transporteurs à un industriel donné en fonction de leur position et de leurs flux logistiques. Automatiquement les transporteurs compétents et proches sont intégrés dans le pool de prestataires auxquels le chargeur pourra attribuer ses lots. Les algorithmes définissent des prix de marché qui permettent au chargeur de transporter dans de bonnes conditions et au transporteur de gagner de l’argent.
A qui les gains financiers ?
Au chargeur et au transporteur ! En se positionnant comme tiers de confiance permettant de réduire le nombre d’intermédiaires de la chaine logistique, FretLink permet de proposer aux chargeurs des tarifs de transports attractifs. Mais en même temps il ne s’agit pas de brader la prestation transport. Les transporteurs bénéficient non seulement d’une croissance globale de leur flux mais peuvent aussi valoriser leur transport à des tarifs avantageux. Désormais la sécurisation du fret des chargeurs passe par la pérennisation de l’activité des transporteurs. Si on continue à tirer les prix vers le bas, à détruire le pavillon français via un certains nombres d’affrètements en cascade ou la mise en concurrence déloyale, les industriels ne pourront plus transporter leurs marchandises. Accompagnons plutôt les transporteurs dans le développement de leur métier, donnons leurs des outils pour mieux remplir leurs camions à des tarifs intéressants pour qu’ils réinvestissent dans la flotte et les personnels et opèrent sur de nouveaux marchés !
Quels projets de développements ?
Nous voulons développer l’activité en Europe avec l’ouverture de bureaux en Allemagne. Face à la croissance nous voulons également renforcer nos équipes avec le recrutement prévu de 50 collaborateurs dans les 8 prochains mois à des postes variés de manager, pilotes de flux, affréteurs, développeurs. Il s’agit aussi de continuer d’étoffer notre réseau de 3000 transporteurs et d’accompagner les TPE/PME dans leur nécessaire transformation digitale. Actuellement 30 nouveaux prestataires rejoignent le réseau chaque semaine.