Les manifestations et blocages divers ont bien eu lieu ce lundi 16 décembre un peu partout en France. Là le blocage du MIN de Lyon, ici des opérations escargot, ou encore le blocage d’une zone logistique en Ile-de-France. Il est vrai que nous sommes dans une période extrêmement tendue sur le plan social. Pour les conducteurs routiers, l’appel de quatre syndicats avec en tête la CFDT majoritaire dans la profession, n’avait rien à voir avec la réforme des retraites. Il s’agissait de défendre les salaires des conducteurs, les conditions de travail, la mise en place d’un treizième mois conventionnel, l’instauration d’un permis professionnel mais aussi le maintien du congé de fin d’activité (CFA).
Ce dispositif mis en place en 1997 permet aux conducteurs de partir en retraite de manière anticipée, pour les personnes d’au moins 57 ans, sous certaines conditions. En contrepartie d’une cotisation mensuelle équivalente à 2,8 % du salaire brut, prise en charge à 60 % par les employeurs et à 40 % par les salariés, l’allocataire perçoit 75 % de son salaire brut moyen durant la période de CFA qui peut aller aujourd’hui jusqu’à cinq ans avant le basculement sur la retraite classique. Ce dispositif bénéficie en outre d’une subvention de l’État. Ce congé a été mis en place à destination des conducteurs de transports de marchandises et de voyageurs, des conducteurs du secteur du déménagement et des convoyeurs de fonds.

L’attente des syndicats
Ce matin, Elisabeth Borne, au micro de Caroline Roux (Les 4 Vérités-France 2), a répondu franchement à la question du maintien de la participation de l’État dans le dispositif de Congé de Fin d’Activité. Il n’était pas question que l’État se désengage. Thierry Douine, président Fédération Générale CFTC des Transports, que nous avons interrogé ce lundi dans la soirée, a sa lecture de cette réponse « Les 57 ans attachés au CFA correspondent à l’actuel départ à la retraite à 62 ans. Si l’âge pivot de la retraite passe à 64 ans, il faudra ajouter deux ans au CFA ». Le responsable syndical rappelle que le CFA, qui a été créé il y a bientôt 25 ans est triparti. État, salarié et entreprise doivent être d’accord. Le 13ème mois qui est également réclamé par des syndicats pour les conducteurs routiers de marchandises. Cela représente une augmentation de salaire de l’ordre de 8% sur l’année « Les transporteurs de fonds ou les conducteurs d’autocar l’ont obtenu. Pourquoi pas les marchandises ? » s’interroge Thierry Douine qui admet que cela entrera dans une négociation et pourra être étalé dans le temps.
Lors de la dernière rencontre, lundi 16 décembre, des organisations patronales et des représentants des salariés, Thierry Douine se plaint du peu d’empressement du patronat pour avancer sur la question d’un 13ème mois. « Nous avons senti une certaine écoute de la part de TLF pour les salariés de la logistique, mais rien pour le moment du côté des transporteurs. Nous reviendrons naturellement sur ces sujets ».
L’avis du patronat
De leurs côtés les organisations patronales (OTRE, FNTR, TLF) ont envoyé une dépêche à l’AFT. Cela permet d’équilibrer la balance … En voici le texte intégral :
« Initialement interrompu à l’initiative des organisations syndicales en raison des délais excessifs d’extension d’accords signés dans la branche par la direction générale de travail, le dialogue social a pu être rétabli. Notre réunion a été à la fois dense et constructive. Parmi les points de convergence du jour, il y a un consensus sur la nécessité de réformer le CFA. Nous allons entamer des travaux en ce sens dès les prochaines semaines. De même, l’installation et l’établissement du programme de la CPPNI (commission de branche) se tiendront dès le mois de janvier. Les Négociations Annuelles Obligatoires commenceront comme chaque année en janvier sur la revalorisation des minimas conventionnels. En revanche, les discussions n’ont pas abouti à un consensus sur l’engagement de négociations sur un 13ème mois conventionnel dans le TRM et la Logistique »
Les trois organisations professionnelles rappellent que le contexte législatif et économique ne permet pas à la partie patronale de prendre un quelconque engagement sur ce sujet dans l’immédiat.