Rien ne va plus ! le mouvement désordonné des gilets jaunes, sans chef ni directive, se poursuit dans plusieurs régions avec des modes opératoires variables, hétéroclites et souvent très gênant pour le transport routier où des conducteurs passent des heures dans leurs camions ou au dépôt sans aucune information, au bon vouloir de bloqueurs qui décident localement, carrefour par carrefour, autoroute par autoroute, raffinerie par raffinerie, des modes opératoires brouillons.
Un mouvement sans chef, la bonne volonté a ses limites …
Les organisations patronales du transport routier ne soutiennent pas ce mouvement, pas plus que celles des salariés, mis à part FO des Transports et de la Logistique qui propose à ses adhérents de se joindre aux gilets jaunes. « Nous sommes aussi des citoyens. On appelle à venir renforcer les mouvements existants » explique, à l’AFP, Patrice Clos, secrétaire général et candidat à la succession de Pascal Pavageau à la tête d’une Force ouvrière en plein doute. Le secteur du transport routier rassemble 700 000 salariés. Dans le cas où la mobilisation ne porterait pas ses fruits, FO-UNCP pourrait aller plus loin, Patrice Clos prévient « Si le gouvernement continue à mépriser nos concitoyens, on verra si on passe à l’étape supérieure, c’est-à-dire l’appel à la grève ». Les autres organisations de salariés, CFDT, premier syndicat du secteur, devant la CGT, doit donner ses directives mercredi 21 novembre. La CFTC Transports, quatrième organisation des salariés du transport prendra la parole en fin de semaine.
La CGT a également annoncé qu’elle appelait ses adhérents à une grève dans les raffineries, mercredi 21 novembre pour 24 heures. Mais ce n’est pas pour la même raison. Ils veulent faire pression pour trouver un accord de branche pour des négociations salariales annuelles avec l’UFIP (Union Française des Industries Pétrolières). Le rendez-vous est prévu de longue date et n’est pas connecté aux « gilets jaunes ».
Des milliers de camions bloqués, le transport routier souffre !
Sinon, sur les routes, et partout sur le territoire, les blocages qui s’éternisent ont fait perdre patience à de nombreux conducteurs routiers qui, à certains endroits, se sont mis en colère. Un exemple ? Dimanche 18 novembre vers 22 h, près de 60 Gilets jaunes ont investi les routes qui bordent les installations des transports TSA, (600 cartes grises) à Saint-Martin-lez-Tatinghem (62). L’idée a germé chez les manifestants alors qu’ils bloquaient un péage autoroutier voisin. Les gilets jaunes ont investi le grand rond-point dit de « TSA » comme celui de Conforama avec des chariots ou des palettes en feu. Ce rond-point donne accès à la rocade, à la D943 en direction de Calais ou Dunkerque ou à la D942 vers Boulogne.
À 4 h du matin, lundi 19 novembre, environ quarante routiers étaient en attente comme Stéphane, qui travaille chez TSA : « Je suis bloqué depuis une demi-heure, je viens de Calais, j’aimerais bien rentrer au dépôt situé juste en face mais les gilets jaunes refusent. Je ne sais pas combien de temps tout ça va durer. » Même interrogation pour trois routiers polonais et roumains, surpris par le mouvement : « On vient d’arriver, vous savez ce qu’il se passe ? On voulait savoir combien de temps ça aller durer pour prendre le temps de dormir un peu.» « Vous aurez le temps », leur lance un gilet jaune (propos relevé par La Voix du Nord). Cela ressemble bien à du kidnapping … Alors, nous lisons aussi sur les sites des quotidiens régionaux que 4000 poids-lourds sont bloqués en Charente sur l’autoroute A10 ou RN10, tout comme 44 passagers d’un bus de tourisme marocain, des personnes âgées, bloqués depuis plus de 10 heures le 19 novembre. Finalement, ils ont pu être pris en charge et conduits dans une salle communale de Roullet-Saint-Estèphe.
Les produits frais manquent dans beaucoup de grandes surfaces
À Lisieux, la plateforme de la SCA normande, qui assure la livraison des 37 magasins E. Leclerc normands, est au point mort. La moitié de la flotte est bloquée par les gilets jaunes. Si le mouvement continue, les supermarchés seront en rupture de stock. Jean-Pascal Vue, responsable de la plateforme logistique de la SCA normande à Lisieux, explique à Ouest-France « L’impact pour les 37 magasins Leclerc de Normandie est immédiat. Nos chauffeurs sont dans les camions et attendent depuis des heures. Les magasins ne sont pas approvisionnés en produits frais. Certaines enseignes ne pourront pas ouvrir. On parlait de barrages filtrants, mais là ce sont des blocages complets. Nous ne pouvons rien faire d’autre qu’attendre. ». À Lisieux, le rond-point de L’Espérance, face au magasin Leclerc, est tenu par une centaine de gilets jaunes qui ne laissent passer aucun camion, hormis les animaux vivants.
Un camion incendié en Belgique
Les exemples s’égrènent comme des perles … mais pas uniquement en France, en Belgique, dans le Hainaut, proche de la frontière française, les gilets jaunes ont semé le chaos à Feluy sur l’E19 où un camion a été incendié … et des arbres déracinés avant d’être tirés sur la route. L’autoroute a été fermée. Cela a fait suite aux débordements survenus dans la nuit de lundi à mardi devant la raffinerie Total de Feluy. “Non allons analyser la situation, et procéder, s’il le faut, à des arrestations“, avait annoncé Tommy Leclercq, gouverneur de la province du Hainaut, tandis que les manifestants bloquaient l’autoroute dans les deux sens avec des palettes depuis lundi soir 22h00. Il y avait mardi matin de gros bouchons avant d’atteindre l’itinéraire de déviation E19 depuis le Roeulx vers Bruxelles et sur les axes de la déviation (A501 – N27 – N59 – N57B). D’autres actions ont lieu dans d’autres pays européens. Des photos circulent sur Internet depuis la Slovénie … à suivre !