Le transport routier y est étroitement associé. Tous membres de l’autf (association des utilisateurs de transport de fret) dix premières entreprises membres du programme Fret21 sont engagées à réduire « l’impact de leurs transports sur le climat », accompagné par l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) pour les conseils et le suivi technique. Pour l’instant, les bases sont en place. L’objectif est de séduire 1000 entreprises acheteuses de transport d’ici à 2020 alors que les premières actions mises en œuvre par seulement onze entreprises permettraient, selon l’évaluation, une économie de CO2 estimée à 75 000 tonnes par an, soit 7,5% d’émissions évitées sur leur périmètre d’engagement. Il suffit ensuite de faire une multiplication pour valider la pertinence environnementale de cette démarche volontaire.
Un choix rail-route préconisé lorsque c’est possible
Fret21 a pour objectif d’inciter les entreprises acheteuses de prestations transport et logistiques, qui agissent en qualité de donneurs d’ordre, d’accompagner les transporteurs prestataires. Ainsi, l’impact environnemental des transports entre dans la stratégie de développement durable des uns et des autres au bénéfice de la société toute entière. Chaque entreprise volontaire signe un accord avec l’Ademe dans lequel elle précise un objectif de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) et s’engage à développer des actions afin d’y parvenir. D’autre part, la démarche s’inscrit dans la continuité d’« Objectif CO2, les transporteurs s’engagent » lancée par le ministère de l’écologie et l’Ademe en 2008 qui rassemble aujourd’hui plus de 1 300 entreprises de transport routier de marchandises et de voyageurs, comprenant 100 000 véhicules, qui se sont engagées (20 % des poids lourds français).
Forêts en stock chez SCA
Lors d’une première restitution, à Paris, le 2 février, cinq entreprises, très impliquées, sont venues expliquer leurs méthodes. SCA (papetier), Henaff, Air Product, le groupe Renault, Carrefour sont issus de quatre secteurs d’activité, l’agroalimentaire, la chimie, la distribution et l’automobile. Ces entreprises se sont engagées à mettre en œuvre un total de 43 actions de réduction de leurs émissions sur ce périmètre. L’estimation des économies de GES correspondantes, sur la période 2015-2020 est de 0,4 million de tonnes de CO2. Fret21 devrait donc contribuer significativement à l’atteinte des objectifs de la « stratégie nationale bas carbone », en particulier celui de diminuer de 18% les émissions de GES des transports de marchandises en 2026 par rapport à 2013. Ainsi, l’entreprise signataire peut mettre en œuvre différents types d’actions, réparties selon quatre axes :
Axe 1 : Taux de chargement
Axe 2 : Distance parcourue
Axe 3 : Moyen de transport
Axe 4 : Achats responsables
SCA 80 usines, une logistique de pointe
Parmi les entreprises venues présenter une expérience, SCA, fondé en 1929 en Suède, assure avoir déjà atteint 80 % de son objectif 2018 de réduction des émissions de CO2 dans le transport. L’entreprise papetière est un expert mondial de l’hygiène (Demak’Up, Lotus, Nana, Okay sont quelques-unes de ses marques). SCA détient 80 usines dans le monde et un territoire forestier grand comme la Belgique. Les besoins de transports sont donc multiples. En France, pour une de nos divisions, SCA a mis en place un réseau de plateformes de transit de marchandises, en cross-docking, afin de regrouper dans la commande de nos clients des flux ainsi massifiés provenant de différentes unités de productions en Europe. Cette approche a permis de réduire les kilomètres parcourus par les produits finis et donc les rejets de CO2. » explique Estelle Vaconsin, directrice qualité et développement durable. SCA utilise aussi le rail pour l’importation de produits d’Italie vers certains clients français, et pour le transit du Benelux vers l’Espagne. Ainsi, pour les importations vers la France, une approche longue distance en wagons est organisée depuis l’Italie jusqu’à deux entrepôts SCA. Ces produits sont ensuite chargés dans des camions pour effectuer le reste du trajet par la route à destination des clients.
Denis Dewerdt et Estelles Vaconsin, SCA
Second exemple, très différent, celui de Air Products, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de gaz industriels, depuis 75 ans. En 2016, les ventes d’Air Products, 17000 employés dans 50 pays, ont atteint 9,5 milliards de dollars. En France depuis 1979, l’industriel, 300 salariés, 3 usines, 6 centres de conditionnement et un réseau de 360 dépositaires, est le 3ème producteur français de gaz de l’air avec plus de 15% de la production nationale. Il faut savoir que dans usine de production de gaz de l’air, on sépare l’air en ces principaux composants (78% azote, 21% oxygène, 1% argon). Cela permet de les liquéfier pour en faciliter le stockage et le transport qui est un élément essentiel de la mise sur le marché. Mais voilà ! le poids d’un produit, très léger, est handicapé par l’utilisation de contenants qui doivent respecter des normes de sécurité drastiques avec un poids en rapport.
Avec son transporteur, Air Products choisit des remorques légères.
Air Products a donc choisi d’adopter des semi-remorques plus légères, mais ne les a pas trouvé en France. Les équipements sélectionnés sont environ plus légers de 2 tonnes par rapport à un véhicule courant du marché. L’industriel est allé les acheter à Radfeld en Autriche chez Berger dont l’un des produits-phare se nomme BergerEcotrail. « Comme il s’agit d’un véhicule autrichien, nous avons dû la faire homologuer en France avec l’aide du transporteur. En choisissant un matériel plus léger, il est possible, soit d’économiser du carburant en transportant moins de poids, de 10 à 15% durant les tests de 4 semaines en 2013 en Auvergne, soit de mettre davantage de marchandises sur la tournée et ainsi de supprimer quelques camions sur la route, soit environ un voyage toutes les dix navettes. » détaille Fabrice Langlais, supply chain manager qui poursuit « Air Products a également revu entièrement ses plans de transports pour les livraisons directes vers ses clients et dépositaires. Les zones de livraison ont été redécoupées, leurs fréquences adaptées à l’évolution des besoins des clients qui ont aussi été intégrés à la démarche quand nécessaire. Ce travail méticuleux a permis de réduire la flotte de 10% environ. » Nous reviendrons sur cette conférence et les témoignages des autres entreprises dans un prochain article.
Fabrice Langlais, supply chain manager Air Products