Energie, le transport routier et le GNV

Pour le moment, le France est le pays européen où les motorisations fonctionnant au GNV, et maintenant à son dérivé bioGNV, sont les plus présentes. La meilleure raison est certainement l’accompagnement du gouvernement par des mesures incitatives comme le suramortissement ou le gel de la taxe sur les carburants. Pour cette raison, l’ambiance était très détendue, et même amicale, lorsque Pierre Lahutte, président de FPT Iveco a accueilli Elisabeth Borne, ministre des transports à Bourbon-Lancy (71), site de construction des moteurs FPT Iveco dont 10% produits fonctionnent au GNV. En fait, le 11 janvier, c’était bien la filière gaz GNV dans son ensemble qui est réunie pour une réunion au sommet. L’annonce du jour est qu’en 2022 le parc véhicules GNV devrait être de 50 000 poids lourds ravitaillés par 680 stations. En 2030, ils seraient au nombre de 220 000 poids lourds et bus GNV en plus de 150 000 VUL pour 2000 stations opérationnelles.

Moins de taxes pour le GNV

De plus, lors du colloque organisé par la filière GNV, Elisabeth Borne, ministre des transports, a confirmé le gel, jusqu’en 2022, de la taxe sur les carburants (TICPE) sur le GNV, et à la reconduction, jusqu’à fin 2019, du dispositif de suramortissement pour les achats de véhicules GNV de 3,5 tonnes et plus. Le dispositif permet de réduire l’imposition des entreprises. En clair, amortissement sur 140% de la valeur -soit remboursement de 13% de la valeur du véhicule (exemple pour un véhicule de 100000 €, 13000 € remboursés) le remboursement peut s’effectué en une fois ou étalé selon le choix de l’amortissement.

Pierre Lahutte et Elisabeth Borne

Ce jour-là, au cœur de la Saône et Loire, Elisabeth Borne, qui avait passé beaucoup de temps à visiter l’usine et échanger avec les salariés, était vraiment enthousiaste et n’hésitait pas en engager l’Etat en déclarant « La filière a déjà fourni un travail important comme nous l’avons vu durant la table ronde. Les conclusions de la mission nous seront présentées à la fin du mois de février et s’appuieront sur les travaux déjà réalisés par la filière. Le rôle de l’Etat, c’est aussi de rendre possible, grâce à des réglementations adaptées, qui assurent la sécurité de nos concitoyens mais n’entravent pas l’activité. L’Etat doit aussi permettre l’intégration par les acteurs économiques des externalités qu’ils génèrent. A ce sujet, nous analysons avec beaucoup d’intérêt la proposition issue des Assises de déployer progressivement des zones à faibles et très faibles émissions dans les villes françaises. Là encore, le rôle des pouvoirs publics sera de donner de la visibilité pour accompagner ces changements. »

Iveco champion du GNV

Pierre Lahutte, qui lui a fait découvrir les bienfaits des nouvelles motorisations au gaz s’en est félicité « La transition écologique est un des défis qui se présentent à nous. Au regard du réchauffement climatique et de la crise sanitaire liée à la dégradation de la qualité de l’air, elle est indispensable, tout le monde ou presque en convient. Elle s’appuie aujourd’hui sur de nombreux choix technologiques. Ceux-ci ont tous leur pertinence et leur part de risque. Plutôt que de les opposer, il convient de les considérer en fonction des usages, avec pragmatisme et bon sens, en s’interdisant une approche Idéologique ou utopique. ». Le discours est plutôt consensuel puisque le dirigeant a également citer des concurrents, Scania, Volvo trucks et Renault Trucks présents sur ce marché … mais seul Scania, avec Iveco, avait répondu présents afin de participer à la réunion organisée par l’AFGNV, où, en revanche, les fournisseurs d’énergie étaient largement représentés (Engie, Air Liquide, Total, GRTgaz, GRDF, Suez, Casino, Cryostar, Cirrus, Biogaz Vallée et de nombreuses organisations professionnelles).

Une réunion fédératrice sous l’oeil bienveillant de la ministre

Pierre Lahutte a également rappeler que, pour exploiter demain une plus large part de son potentiel de production, la France est également en pointe sur deux technologies d’avenir, à savoir, le Power to Gas avec le projet Jupiter 1000 de GRT Gaz à Fos qui convertira dès 2018 le surplus l’énergie électrique et du CO2 produit par l’industrie en méthane renouvelable, qui sera stocké et distribué par le réseau gazier et la méthanation avec le projet Gaya à Lyon, inauguré en 2017, permettant de transformer par gazéification puis méthanation la biomasse sèche du bois en biométhane et il rappelle qu’ « il est à noter que des acteurs français majeurs tels qu’Engie et Air Liquide font du biométhane un axe majeur de leur développement »

Des aides régionales

Pour un développement plus rapide de l’utilisation du gaz sur les véhicules commerciaux, certaines régions proposent des aides substantielles. D’autres, certainement, suivront. Citons Paris et ses trois départements limitrophes : les Hauts-de-Seine (92), la Seine-Saint-Denis (93) et le Val-de-Marne (94). Depuis le 1er janvier 2018, les entreprises de moins de 50 salariés peuvent bénéficier d’un coup de pouce, qui va les aider « à rouler plus propre (auto-entreprises, TPE et PME) soit : GNV : jusqu’à 9 000 euros de subventions sur les utilitaires, poids lourds et autocars. Concrètement, elles consistent en une prime pour l’achat d’un véhicule neuf ou pour une LLD de 24 mois minimum (ou LLD avec option d’achat). En plus du GNV, les véhicules roulant à l’électrique et à l’hydrogène sont également concernés. L’aide se décompose ainsi : utilitaires de moins d’une tonne 1000 €, moins de 3,5 tonnes 6000 € et poids lourds 9000 €.

Des aides régionales significatives

Autre région où les aides sont substantielles, Auvergne-Rhône-Alpes qui soutient aussi le GNV avec une action baptisée GNVolont’air qui permet aux entreprises de bénéficier d’une aide calculée sur la base de la différence de prix d’achat entre un véhicule GNV et un véhicule gazole. Pour les PME, le surcoût est pris en charge à 45 % et les grandes entreprises peuvent quant à elles bénéficier d’une aide à hauteur de 35 %. Le montant de l’enveloppe budgétaire d’un nouvel appel à projet (AAP) lancé par la région d’élève à 2,4 millions d’euros et le dispositif, ouvert jusqu’en octobre 2020, devrait permettre de financer au moins une douzaine de projets.

Les transporteurs veulent y croirent

Très souvent, les transporteurs viennent à l’énergie gaz en fonction des demandes plus ou moins insistantes des donneurs d’ordres qui voient un argument écologique favorable dans leurs communications vers les consommateurs. Lors de ses vœux à la profession, Aline Mesples, présidente de l’OTRE, a bien reconnu les bienfaits environnementaux, mais à demander que ce ne soit pas à marche forcée au détriment des transporteurs. Il faut donc que cette démarche soit équilibrée. De manière générale, les transporteurs font preuve de bonne volonté, comme Jean-François George, directeur des opérations chez Labatut Group qui reconnait « concrètement, pour qu’une station GNV s’implante, il faut estimer le nombre de camions qui circulent sur la zone. Plus il y a de camions en circulation, plus il y aura d’ouvertures de stations. Ce cercle vertueux est en cours depuis plus de 3 ans et tend à s’accélérer. De nombreuses solutions se développent afin de limiter l’impact environnemental du transport de marchandises. Aujourd’hui, l’électrique est l’énergie alternative dont on parle le plus. Et pourtant, la solution la plus viable économiquement et technologiquement reste le Gaz Naturel. Total vient d’annoncer le déploiement de 110 stations au gaz naturel en périphérie des grandes villes. Nous sommes attentifs à ces développement »

Le mixte énergétique …

Mais en fait, tous les opérateurs crédibles sur ce marché mettent les bouchées doubles. La concurrence aidant, les ouvertures vont se multiplier. Pour le reste, il ne faut surtout pas oublier que le marché du poids lourd est occupé par sept constructeurs, Hormis Iveco et Scania, et dans une moindre mesure le groupe Volvo, plutôt avancés dans les motorisations au gaz, les autres défendent d’autres solutions et vendent beaucoup de camions, à commencer par Mercedes, leader mondial, qui table sur l’énergie électrique pour les derniers kilomètres … et le gazole pour le reste. Daf, de son côté, plébiscité aussi les moteurs au gazole de dernière génération qui ont aussi leurs arguments. Certains parlent de l’hydrogène comme le carburant du futur. Attendons pour voir …

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