L’été est propice aux annonces tricotées puis détricotée aussi rapidement. Dernière en date, l’idée de Frédéric Cuvillier, ancien ministre délégué aux transports et députés-maire de Boulogne sur Mer d’imaginer la création d’une écotaxe régionale. Aussitôt dit aussitôt démenti par un gouvernement à l’unisson. «il n’y a plus de sujet d’écotaxe, et il n’y pas lieu de le faire rebondir» annonçaient rapidement les services du Premier ministre. Toutefois, d’autres régions, dont l’Ile de France, par la voie de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et tête de liste PS pour les régionales en IDF, avaient fait connaître leur intérêt pour l’idée. Nous en sommes là.
Mais revenons sur le début de l’affaire. Si l’écotaxe a été supprimée sur le plan national, le manque à gagner dans les caisses des régions est bien réel. L’argent collecté devait servir à financer des projets d’infrastructures (transports publics, aménagements) qui avaient été identifiés et qui sont maintenant en suspend faute de budget. Il y a un peu plus d’un an, une remise à plat était souhaitée. Frédéric Cuvillier, alors ministre délégué aux transports jusqu’en août 2014, déclarait « Ceux qui ont une utilisation économique des routes doivent contribuer à leur modernisation, mais il fallait expliquer l’utilité et le fondement, car l’écologie ne peut pas être une chose subie » alors que sa ministre de tutelle, Ségolène Royal, parlait d’écologie punitive.
Revenu dans sa bonne ville de Boulogne-sur-Mer et prétendant jouer un rôle lors des élections régionales de la nouvelle région Nord-Pas de Calais-Picardie, Frédéric Cuvillier donne de la voix. Alors qu’il se posait la question, il y a un an « comment financer les infrastructures et protéger les 40 000 entreprises de transport », il imagine aujourd’hui régionaliser une redevance qui pourrait être collectée sous la forme d’une taxe de transit avec une possible extension transfrontalière. En effet, la Belgique mettra en place son écotaxe en avril 2016. Frédéric Cuvillier est un fin connaisseur de ce dossier qui pourrait avancer d’autant plus que d’autres régions ont les mêmes idées. C’est le cas de l’Ile-de-France, de l’Alsace et de la Lorraine. Ces deux dernières souffrent du transit par leurs autoroutes des camions évitant le réseau allemand.
Selon Frédéric Cuvillier qui s’exprime dans le quotidien Les Echos (10/08) « Le plan que je propose doit permettre la relance de la croissance et de l’emploi au niveau local. Cette taxe de transit pourrait pérenniser dans la région les 20 000 emplois des 520 entreprises de travaux publics et permettre de passer avec la fédération régionale des travaux publics un contrat d’objectifs pour la création de 4000 emplois supplémentaires liés aux travaux d’infrastructures qui seront ainsi financer ». Il reste toutefois le passage à la pratique, après le remboursement par l’Etat des 800 millions d’euros dus à Ecomouv’, la société délégataire de la feu écotaxe version 1. Il est vrai qu’il existe sur nos routes quelques centaines de portiques qui pourraient peut-être reprendre du service.
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