Le transport routier n’est pas la première préoccupation des candidats à la Présidentielle. Afin d’équilibrer le débat, l’association TDIE (Transport Développement Intermodalité Environnement) organisait mercredi 22 mars au soir dans un Palais Brongniard rempli de 600 inscrits, un grand débat sur les transports. Avec, comme invités, les représentants transports des cinq principaux candidats à l’élection présidentielle.Ils ont, notamment, évoqué trois points importants pour le secteur des transports de marchandises.
Les carburants
Le diesel n’est officiellement plus en odeur de sainteté. Tous les candidats, cependant, ne sont pas aussi sévères. Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, qui représentait Benoît Hamon, vise une interdiction d’ici 2025. Laurent Courtois, pour Jean-Luc Mélenchon, entend progressivement sortir du gasoil, mais sans échéance, et en commençant par l’arrêt des allégements fiscaux sur les flottes d’entreprise. Arnaud Leroy (pour En Marche !) promet un alignement de sa fiscalité sur celle de l’essence sous cinq ans. Dominique Bussereau, qui intervenait au nom de François Fillon, est moins pressé. « Il faut y aller mollo », a-t-il indiqué, justifiant son point de vue par la proportion importante de ménages modestes et ruraux possesseurs de véhicules diesel. C’est aussi l’argument de François de Voyer, représentant de Marine Le Pen, qui n’évoque pas d’alignement fiscal. Tous les candidats, en revanche, promettent d’aider à l’acquisition de véhicules moins polluants, à l’implantation de stations de ravitaillement de carburants alternatifs, et à la recherche sur les motorisations nouvelles. Marine Le Pen est une adepte de l’hydrogène, dont l’adaptation au monde du poids lourd semble cependant assez lointaine. Chez Benoit Hamon, on insiste notamment sur l’intérêt du gaz et du biogaz, bien développé chez certains de nos voisins.
Gaz et électricité oui, mais le gazole restera longtemps majoritaire
L’écotaxe
On le croyait mort et enterré, mais le débat sur l’écotaxe renaît à la faveur de l’élection présidentielle. « Son abandon représente un manque à gagner de sans doute 2,5 à 3 milliards d’euros par an, et elle aurait contribué au report modal », assure ainsi Dominique Bussereau. Chez les Républicains, on milite pour une renaissance de l’écotaxe nationale, ou la création d’écotaxes régionales. Ces dernières sont également évoquées chez Benoît Hamon. L’écotaxe nationale et une taxe kilométrique pour les poids lourds étrangers : tel est le volet fiscal du programme de Jean-Luc Mélenchon. Chez En Marche !, on milite pour une taxe carbone évoluant progressivement jusqu’à 100 euros la tonne.
Scania au GNV présenté à la SITL en mars 2017
Le paquet route
Le prochain gouvernement devra continuer la discussion sur le paquet route européen, qui sera présenté en mai par la commission européenne. Une discussion délicate, a explique Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, députée européenne : « les pays de l’Est souhaitent que la directive sur les travailleurs détachés ne s’applique pas au secteur des transports », a-t-elle regretté. Un point sur lequel la France, bien entendu, s’oppose : car même si la directive sur les travailleurs détachés fait l’objet de critiques et que certains souhaitent l’améliorer, ne plus l’appliquer signifierait un dumping social total. Mais le débat ne fait que commencer.
Il faut faire respecter les règles de concurrence