L’un des fleurons de la carrosserie industrielle française, Durisotti, 200 salariés à Sallaumines (62) change de mains. L’entreprise qui fêtera ses 63 ans le 15 mars prochain, était en redressement judiciaire depuis la fin du mois de janvier 2019. Le repreneur n’est pas un inconnu en France. Sanjeev Gupta, homme d’affaires indo-britannique de 47 ans dirige GFG Alliance (Gupta Family Group), pesant désormais 14000 salariés pour un chiffre d’affaires consolidé de 15 milliards, dont la filiale Liberty House enchaine les reprises d’entreprises à travers l’Europe. En France, Aluminium Dunkerque – ex-Pechiney, qui appartenait à Rio Tinto (570 salariés), numéro 1 en Europe avec une production de 280 000 tonnes d’aluminium a rejoint une autre prise, AR Industries (364 salariés), seul spécialiste français des jantes aluminium basé dans l’Indre, rebaptisé depuis Liberty Wheels France. GFG Alliance avait également été finaliste pour la reprise d’Ascometal, il y a un an, qui est finalement revenu au groupe suisse de sidérurgie-métallurgie Schmolz + Bickenbach.
Sanjeev Gupta, le président exécutif de GFG Alliance
S’exprimant au sujet de la décision du tribunal d’Arras, Sanjeev Gupta, le président exécutif de GFG Alliance, a déclaré « C’est une étape importante dans le parcours de GFG en France et je suis ravi d’accueillir la main-d’œuvre hautement qualifiée et motivée de Durisotti dans la famille GFG. Au cours de l’année écoulée, nous nous sommes implantés tant en amont qu’en aval de la France, dans l’une des économies industrielles les plus établies et réputées d’Europe. Durisotti nous aidera à renforcer et à diversifier notre présence en aval dans le secteur automobile, rejoignant nos autres activités françaises dans notre chaîne de valeur intégrée verticalement. J’ai hâte de rencontrer nos nouveaux collègues et de les aider à bâtir l’avenir prometteur qu’ils méritent tant. »
Renault Alaskan exposé sur le stand du salon IAA avec cette transformation originale par Durisotti
Ces dernières années, sous l’impulsion d’une équipe dirigeante renouvelée menée par François Loor, qui reste directeur général de l’entreprise dénommée Liberty Durisotti France, le carrossier constructeur s’était beaucoup développé sur les marchés publics comme privés avec une production annuelle de l’ordre de 17000 véhicules transformés. La gamme de production est très large, des véhicules de société, au transport de marchandises (grands volumes et frigorifiques), le bâtiment & BTP, le transport de personnes (TCP et TPMR), marchés spécifiques (forces de l’ordre, grands comptes privés et publics …), mais aussi de la sous-traitance industrielle.
Un fourgon grand volume 22 m3 avec ses parois en matériaux composites
Les matériaux composites avaient également rejoint le savoir-faire de Durisotti avec la maitrise de nouvelles techniques comme la mise au point d’un composite Durisotti en résine thermoplastique avec fibres de lin permet un recyclage illimité par tous les moyens traditionnels y compris l’injection. L’utilisation du RTM, de l’Infusion et du process Flex Molding permettent, en complément, des fabrications sans dégagement de styrène contribuant ainsi, à la protection de l’environnement.
Durisotti s’est fait une spécialité de préparation pour la compétition automobile, ici pour PSA.
Autre exemple significatif : le fourgon T-BOX, présenté à Solutrans et SITL. Ce véhicule révolutionnaire est adapté à la livraison du dernier kilomètre avec des aménagements intérieurs qui offrent une ergonomie inégalée au chargement comme au déchargement et en toute sécurité pour le conducteur qui gagne beaucoup de temps dans ses livraisons en favorisant une ergonomie inégalée avec un travail à hauteur d’homme autant par l’arrière que latéralement. Il n’est donc plus nécessaire de monter ou descendre dans le véhicule à la carrosserie recyclable.
Le site industriel de Sallaumines (62)
UNE PAGE D’HISTOIRE
La Société Durisotti fut fondée le 15 Mars 1956 par deux frères, Bruno et Louis Durisotti qui sortaient d’une période d’apprentissage dans la carrosserie paternelle à Amiens. Avec pour tout bagage et pour capital quelques outils, ils s’installent à Sallaumines dans le Pas-de-Calais. Tout commence par la construction et la réparation des cars dédiés au transport des ouvriers des filatures du Nord. Après la disparition brutale de Louis, Bruno développe un atelier qui compte 50 compagnons lorsqu’il se lance en 1968 dans la transformation d’utilitaires légers pour le compte des constructeurs automobiles.
Les voitures prêtes pour les forces de l’ordre. Durisotti en transforme plusieurs centaines par an.
Pensant aux développements futurs, le chef d’entreprise achète une friche industrielle de 10 hectares et construit un premier bâtiment de 3000 m². Durisotti obtient un premier contrat avec Peugeot pour l’allongement en empattement et en porte à faux du fourgon J7. Le succès est immédiat et l’entreprise passe très vite du stade artisanal à la production industrielle. Jusqu’à 28 000 véhicules sortiront des ateliers de Sallaumines en 2005. Il y a alors à la tête de l’entreprise, les enfants de Louis, Jean-François, Jean-Pierre et Catherine qui avaient pris le relais. Durisotti a fêté ses 50 ans en 2006.
Puis l’entreprise a vécu une période délicate avec la mise en redressement judiciaire le 30 mars 2012. Compte tenu d’un savoir-faire reconnu, Durisotti a repris la voie du développement avec des clients qui ont renouvelé leur confiance, les partenaires économiques qui ont joué leur rôle et les salariés, certains ont plus de 30 ans de maison, qui ont su préserver l’outil de travail et les acquis. Un plan de restructuration est passé par là, 103 licenciements (60 réels après les départs volontaires). Durisotti SAS version 2015 a des projets, une dynamique, de fortes motivations et un outil industriel très performant. L’équipe dirigeante a de l’expérience. François Loor est désormais président de Durisotti SAS après en avoir été le directeur commercial durant 10 années.
Aujourd’hui, donc, une nouvelle période s’ouvre. Nous allons suivre avec beaucoup d’intérêt la suite de l’aventure.