Coup de gueule des transporteurs

« J’ai honte et je refuse de marquer « Angles Morts » sur mes véhicules”

Le transport routier est très en colère et beaucoup de chefs d’entreprise suivent l’exemple de David Sagnard, président des Transports Carpentier (62) et élu de la FNTR. Il se lâche dans une courte intervention relayée sur les réseaux sociaux

David Sagnard, PDG Transports Carpentier

« J’ai honte et je refuse de marquer « Angles Morts » sur mes véhicules alors que nous apportons la vie économique, la joie des consommateurs. Franchement encore une pensée négative pour la profession. Mesdames, messieurs les parlementaires vous avez encore la possibilité de faire changer la signalétique. La sécurité des autres usagers est importante alors je propose « zone non visible ».

Editorial de Florence Berthelot, FNTR

Juste au début de ce week-end, Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR, ne disait pas moins dans son éditorial hebdomadaire où l’on peut lire sous le titre un tantinet espiègle « Heures de colle » dont voici le texte intégral

« La Loi d’Orientation des Mobilités a été publiée il y a presque un an. Parmi ses nombreuses dispositions, l’une prévoit l’obligation d’apposer sur les camions des autocollants signalant aux autres usagers de la route les « angles morts ».

A l’origine de cette mesure, un dramatique accident où une cycliste a perdu la vie parce qu’apparemment elle n’était pas dans le champ de vision d’un conducteur de camion. La date d’application de cette apposition a été fixée au 1er janvier 2021.

Mais nous sommes en France, ce qui signifie qu’après la loi, il faut un décret et après le décret il faut un arrêté. On ne parle même pas de l’inévitable « circulaire d’application » qui suivra.

Sauf que ce fameux décret n’a été publié que le 19 novembre. Quant à l’arrêté, il ne sera publié que …. le 4 janvier 2021, soit trois jours après la date officielle d’entrée en vigueur de la mesure.

Nous voilà dans les délices des textes administratifs. Sans parler du contenu qui nous détaille toutes les normes techniques d’un autocollant jaune et noir (en qualité pantone, et pas en quadrichromie s’il vous plait) et des endroits où on doit le coller, au centimètre près.

Evidemment, il y a des véhicules où on ne peut pas le coller au bon endroit parce qu’ils sont très spécifiques. Ce qui aboutit à des réponses à peu près de ce style : « Posez-le où vous pouvez… » ou encore « Ben si c’est vraiment pas possible, c’est pas possible… ». Le problème c’est que nous sommes à un peu plus d’un mois de l’introduction générale d’une mesure qui concerne des centaines de milliers de véhicules (étrangers inclus).

Donc, un report est instamment demandé. Mais la date est dans la loi, et seule la loi peut permettre un délai.

Et voilà qu’une franche opposition surgit car « vous comprenez, il s’agit de sécurité routière ». L’argument devrait être imparable. Mais c’est justement pour cela que les choses doivent être faites correctement !

D’autant qu’on n’a pas attendu d’avoir du papier collant pour se préoccuper de ce réel problème : de nombreux transporteurs ont équipé les véhicules de caméra de recul, et d’autres dispositifs techniques. Et en outre, les usagers de la route devront comprendre cette nouvelle signalétique qui ne fait pas encore partie de l’enseignement du Code.

En attendant, les entreprises de transport qui ont bien d’autres choses à faire dans cette période, et après une année des plus compliquées vont s’atteler à des heures de colle. Et font remarquer que le mot « mort » va apparaître un peu partout créant dans l’esprit du public une assimilation insidieuse entre un gros véhicule et la mort elle-même. Mécontentement et hostilité sont des mots trop faibles pour exprimer le sentiment des professionnels.

En fait, c’est le genre de prétendue « petite » disposition, totalement à contretemps, dont ils tiendront longtemps rigueur aux décideurs politiques. Une sorte de sparadrap du capitaine Haddock (pour les amateurs de Tintin) qui va leur coller à la peau, et qui rendra imperméable toute autre mesure à venir qu’ils pourront adopter. Le diable est toujours dans les détails. »

Florence Berthelot

 

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