Le 16ème congrès de l’OTRE à Tours, organisation représentant les transporteurs routiers et les métiers connexes (transport de personnes) forte de 3000 entreprises adhérentes, a trouvé sa place comme interlocuteur des autorités et du gouvernement. D’autant que dans son allocution de clôture, Aline Mesples, présidente très tonique et investie, rappelait que le secteur des PME pèse lourd en France « Ce sont les PME qui génèrent de la croissance, créent des emplois, se développent plus rapidement et sont plus novatrices. » En effet, les PME du transport sont bien représentées par l’OTRE.
Une assistance attentive
Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports, le sait et il s’est longuement attardé, samedi matin, auprès des membres de l’OTRE et des partenaires réunis. Le ministre, qui dit dans son discours: « l’Union européenne ne doit pas être un far-west de la libre concurrence gouverné par la seule volonté du plus grand profit », a répété que le transport routier était un maillon essentiel de l’économie et qu’il était inadmissible que la profession, et principalement les entreprises françaises souffrent d’une déréglementation que la commission européenne n’arrive pas à maitriser. Il l’a dit haut et fort avec une véritable conviction et a été applaudit pour cela. « Je vous l’affirme aujourd’hui, en accord avec mon homologue allemand, le Ministre Alexander Dobrindt, que nous sommes opposés à toute initiative routière européenne nouvelle en matière de libéralisation tant que des mesures préalables de lutte contre le dumping social dans le secteur ne sont pas mises en œuvre. Autrement dit, la France et l’Allemagne indiqueront au Conseil du 1er décembre que nous n’accepterons pas de rentrer dans les travaux sur le paquet routier tant qu’on aura pas réglé le débat sur le dumping social. Ce sera une position très forte », martèle Alain Vidalies qui a bien compris la colère et le désarroi des transporteurs.
Après les discours, Alain Vidalies s’attarde longuement
Il a aussi rappelé le courrier qu’il a envoyé à Violeta Bulc, commissaire européenne aux transports qui est celui-ci: « Nous attendons donc que la commission européenne réponde à nos préoccupations sur les aspects sociaux et les questions routières dans le transport routier, notamment en ce qui concerne l’interdiction de repos hebdomadaire régulier à bord du véhicule, le renforcement et l’harmonisation des contrôles (avec des règles et normes sociales similaires), les mesures à prendre pour mettre un terme aux activités des sociétés écrans ainsi qu’à d’autre pratiques abusives, les mesures à prendre en compte pour éviter le développement déraisonnable de l’utilisation des véhicules utilitaires légers pour réaliser du transport international. »
” L’Union n’est pas le Far West …”
La présidente rappelle aussi: « Le 8 septembre dernier, la commission européenne a annoncé s’attaquer désormais à une autre thématique, celle de la législation sociale du transport routier et les droits des travailleurs. Nous serons particulièrement attentifs à ce débat. » S’il y a des avancées sur le plan des travaux du comité d’évaluation de la politique de contrôle dans le transport routier, avec un bilan complet sans concession de la réalité actuelle de secteur du transport routier de marchandises, Aline Mesples regrette que les plans régionaux soient pour certains restés à l’état d’ambitions. « Plusieurs pistes nous semblent pragmatiques et réalisables à court terme comme notamment la mise en œuvre d’un vrai corps de contrôle sur route, un chronotachygraphe sur les utilitaires légers, le renforcement des sanctions administratives au niveau régional ».
Ces VUL qui sillonnent l’Europe en toute impunité
Le ministre y a répondu: « Afin d’identifier des pistes d’évolution pour améliorer l’efficacité et l’efficience du contrôle, le Premier Ministre a retenu la politique de contrôle des transports routiers dans son programme d’évaluation des politiques publiques. Une mission d’évaluation a été mise en place fin 2015 et sans attendre la remise de son rapport, en s’appuyant sur certaines pistes identifiées, plusieurs chantiers ont été engagés dès le printemps dernier. »
L’Europe du transport a encore du chemin à parcourir !
Aline Mesples, tout comme le ministre, ont parlé de transition énergétique. Un atelier-débat était aussi organisé sur ce thème. Nous y reviendrons sur Transportissimo, comme l’autre sujet d’actualité débattu qui concernait la concurrence déloyale, autre sujet chaud et largement évoqué lors des discours. Dans sa conclusion, Aline Mesples a notamment évoqué les déficits de l’Etat et des organismes gestionnaires, mais aussi des inquiétudes quant à une fiscalité devenue insupportable qui pénalise les entreprises. « L’Etat est stratège, c’est à lui de favoriser le terrain des échanges économiques tout en protégeant le tissu social et économique. Le réalisme doit être supérieur au dogmatisme », espère Aline Mesples, proche de la conclusion de ce congrès, elle ose une citation Pierre de Ronsard, natif de Tours « Celui qui se connaît est seul maître de soi. » « C’est bien là notre atout majeur », assure la présidente qui rappelle que la devise de l’OTRE est « nous faisons route ensemble ».
Vous retrouverez dans les prochains jours d’autres articles sur le congrès OTRE.