Le secteur de l’automobile, tout comme celui du transport routier, doit changer pour pouvoir lutter efficacement contre le changement climatique. C’est la conclusion d’un rapport de l’IIGCC, groupe et forum des investisseurs institutionnels sur le changement climatique (IIGCC) qui comprend certains des plus grands fonds de pension et gestionnaires d’actifs en Europe, représentant plus de 13 milliards d’euros d’actifs.
La mission de l’IIGCC est de fournir aux investisseurs une voix commune pour encourager les politiques publiques, les pratiques d’investissement et le comportement des entreprises qui traitent des risques à long terme et les opportunités liés au changement climatique. (www.iigcc.org)
Dans ce cadre, l’IIGCC livre ses recommandations aux constructeurs automobiles, concernant la gouvernance, la stratégie, le contrôle des émissions, le soutien aux politiques publiques et la transparence.
Le but est très clair, il s’agit d’accélérer la transition vers des véhicules à faibles émissions car les risques liés au réchauffement climatique imposent à l’industrie automobile de se transformer significativement à court et moyen terme.
Le passage à une économie peu émettrice en carbone et les nouvelles législations concernant le climat sont un nouveau challenge pour les constructeurs. Pour rester compétitifs et rentables sur le long terme, les sociétés du secteur automobile doivent développer des business models qui s’adaptent aux impératifs environnementaux. Les constructeurs automobiles doivent adopter une approche globale et devenir des prestataires de service en matière de mobilité. Le rôle des législateurs ne doit pas être sous estimé car c’est eux qui peuvent favoriser l’acceptation par le marché de ces véhicules à émissions faibles.
Le document met en avant 5 propositions clés, en provenance des investisseurs:
- Gouvernance : les responsabilités des dirigeants d’entreprise et managers sont engagées concernant les risques liés au changement climatique et doivent être définies clairement.
- La stratégie à long terme doit être orientée vers le développement de véhicules de nouvelle génération, qui ne dépendent pas d’un moteur à combustion ni de carburant fossile.
- Un plan solide de réduction des gaz à effet de serre doit être en place au sein des parcs automobiles, et sur les chaines d’assemblage pour réduire l’écart entre les tests réalisés en laboratoire et les conditions réelles.
- Politiques publiques : les acteurs du monde automobile doivent s’engager auprès des législateurs pour accélérer la transition vers une économie à faible émissions de CO2, et rester en dessous de la limite de 2 degrés d’augmentation globale de la température, pour que le climat actuel puisse se maintenir.
- Les rapports annuels des sociétés du secteur doivent refléter cet engagement en faveur du climat et être transparents sur tout ce qui concerne les émissions polluantes dans la fabrication des véhicules.
Le rapport commente la situation des plus grands marchés automobiles dans le monde: la Chine, Les Etats-Unis, L’Union Européenne, le Japon et l’Inde. Chacun a déjà entrepris une transition en matière de politique environnementale.
L’exemple du Brésil est cité : d’ici à 2020, plus de 80% du parc automobile du Brésil sera capable de fonctionner à l’éthanol pur. L’union européenne a quant à elle de nouveaux objectifs en matière de réduction des émissions, qui doivent être atteints d’ici 5 ans et l’Inde souhaite abaisser de 15% la consommation en carburant de son parc automobile d’ici 2020.
Sans qu’ils contribuent directement au changement climatique, le rapport pointe aussi le doigt sur d’autres éléments polluants provenant des automobiles, comme le NOx et le dioxyde de souffre (SO2) qui impactent directement la qualité de l’air. Les carburants utilisés par le transport, au premier rang desquels le diesel génèrent plus de 50% des émissions de NOx dans le monde. Ils peuvent engendrer des problèmes respiratoires, et créer d’autres particules et polluants dangereux. Les Etats-Unis ont déjà pris des engagement concernant ces polluants de l’air dès 2014 et projettent d’abaisser et de contrôler ces émissions d’ici à 2025.
Selon l’IGCC, le parc mondial de véhicules électriques, actuellement estimé à 1,5 millions de véhicules, devra atteindre 100 millions à l’horizon 2030 pour respecter les engagements pris à la conférence sur le climat (Paris COP21, 2015).
Et pour parvenir à rester en dessous des 2 degrés d’augmentation de la température globale, le rapport estime que 140 millions de véhicules électriques sont amenés à être mis en circulation d’ici 2030.