Laurent Meillaud, journaliste spécialiste des nouvelles technologies mobiles (énergies et véhicules autonomes), revient de Las Vegas, où le CES 2020 a fermé ses portes. Voici son éclairage, en exclusivité pour les lecteurs de transportissimo.com. Nous l’en remercions vivement. Photos ©Laurent Meillaud
Réputé pour sa taille imposante et le foisonnement de gadgets, le Consumer Electronics Show permet aussi de déceler des tendances. La smart city était particulièrement à l’honneur lors de cette édition.
Toyota, le concept e-Palette évolue
C’est d’ailleurs d’Asie que vient cet élan, avec des initiatives lancées par Hyundai et Toyota. Le premier imagine des taxis volants, opérés par Uber, qui se poseraient sur des hubs de transport. Une sorte de terminal d’aéroport en version miniature, desservi par des navettes autonomes. Ces véhicules, en forme de remorque, et dotés de baies vitrées, viennent s’emboîter aux extrémités du hub de transport. Pour sa part, le constructeur japonais a décidé de bâtir sa propre smart city. Elle aura pour nom Woven City et verra le jour en 2021 au pied du mont Fuji. Il n’y aura que des véhicules zéro émission, dont la navette e-Palette. Ce véhicule – qui fera ses premières armes aux JO de Tokyo cet été – servira à la fois de mode de transport public mais aussi de food truck. Ces deux exemples montrent bien que l’automatisation de la conduite passera par des usages ciblés et sur des véhicules qui ne seront pas des voitures. Une réflexion que partagent les équipementiers Bosch (qui présentait à nouveau sa navette autonome, dévoilée au CES en 2019) et ZF (qui commence à produire un véhicule de ce type en Allemagne avec son partenaire e.GO).
Les véhicules passent au niveau 4 pour l’autonomie, avec ce prototype ZF
Des camions de plus en plus autonomes
Si la place de l’automobile tend à grandir, chaque année au CES, celle du camion n’est pas négligeable. Ainsi, la start-up Plus.ai a transformé un poids-lourd en véhicule autonome de niveau 4 et lui a fait traverser les Etats-Unis en décembre dernier. Doté de capteurs et d’intelligence artificielle, ce camion a parcouru 2 800 miles en moins de 3 jours, entre la Californie et la Pennsylvanie, sans que personne ne touche le volant. Il a roulé de jour et de nuit et dans des conditions très variées. Plus.ai, qui avait un stand au CES, a d’ailleurs annoncé le lancement de tests d’ici la fin de l’année dans plusieurs Etats. Pour sa part, le groupe Paccar (constructeur entre autres de Kenworth) est venu présenter à Las Vegas ses travaux dans le camion autonome. Il teste actuellement une technologie de niveau 4 sur ses pistes d’essai, mais aussi sur route ouverte.
En Europe avec DAF et aux USA avec Paccar, les camions électriques et autonomes progressent
L’industriel profite de ces roulages pour accumuler des données et fiabiliser le système. Mais dans l’immédiat, il se contente d’intégrer des technologies d’assistance de niveau 2 pour ses clients qui en font la demande. Le secteur du camion devrait adopter plus rapidement l’automatisation que l’automobile. C’est l’analyse que fait Volvo Truck, en se basant sur les économies que les transporteurs pourraient faire en se passant à terme du chauffeur. Le constructeur développe déjà des camions autonomes dans les mines. Mais il travaille aussi en parallèle sur des fonctions plus avancées d’aide à la conduite. Signe que cette industrie s’intéresse la technologie, l’équipementier ZF vient de conclure un accord avec un constructeur global qui va intégrer son système de contrôle ProAI conçu en partenariat avec Nvidia. Il est considéré comme l’un des systèmes les plus aboutis en matière d’intelligence artificielle pour le transport.
La Chine ouverte aux drones de livraison
Dans un autre style, le français Valeo a créé la surprise en dévoilant un droïde de livraison autonome, baptisé eDeliver4U. Rien à voir avec l’univers de Star Wars ou les engins développés par TwinsWheel, il s’agit d’un petit véhicule de 2,80 m de long, 1,20 m de large et 1,70 m de hauteur. Ce prototype a été élaboré en partenariat avec Meituan, un acteur du commerce électronique en Chine qui revendique 400 millions de clients. Sa vocation est de livrer des objets, en particulier des repas. Valeo apporte à ce droïde son expertise de la propulsion électrique (moteur et batterie de 48v) et de la conduite autonome avec les capteurs et l’intelligence artificielle déployés dans l’automobile.
La livraison par véhicules autonomes est prête. Ici avec Valeo
Le véhicule fait en fait suite à un accord conclu entre les deux groupes, ici même au CES, sur le thème du dernier km. Meituan anticipe sur l’interdiction des véhicules polluants en Chine ainsi que sur une autorisation de circuler de tels véhicules. « La réglementation est plus flexible qu’en Europe, elle devrait les autoriser sur les pistes cyclables, à partir du moment où ils font moins d’un m de large et que leur vitesse soit inférieure à 25 km/h », explique Julien Sabrie, ingénieur chez Valeo. L’intérêt de ce mode de transport est qu’il permet une livraison sécurisée, grâce à une application par smartphone (il faut un code ou code QR) pour déverrouiller les caissons et accéder à leur contenu.
Article de Laurent Meillaud – texte et photos
Le CES 2020 a fermé ses portes … vivement 2021 !