Éviter les embouteillages, améliorer ainsi son bilan carbone, et gêner moins la circulation dans les centres-villes. La livraison de nuit séduit de plus en plus de distributeurs et de chaînes de restaurants. Reste qu’elle se heurte à un problème de taille, la gêne possible des riverains. Le moteur que l’on oublie d’éteindre, le groupe frigorifique qui tourne, l’avertisseur de recul trop fort, le bruit des portes battantes, les téléphones qui sonnent, mais aussi le bruit des rolls et des manipulations à l’intérieur des locaux sont autant de détails qui peuvent virer au cauchemar pour le voisinage. Et, partant, pour les magasins concernés, juridiquement responsables “Les jugements peuvent se révéler extrêmement sévères” prévient maître Christophe Sanson, avocat au barreau des Hauts de Seine.
Eric Devin, directeur général du Cemafroid et président de Certibruit lance le débat
D’où la création, en 2012, de l’association Certibruit, qui rassemble quelque 45 experts, logisticiens, constructeurs, et distributeurs. Elle tenait, vendredi 13 mai, dans les salons de la mairie de Paris, son colloque, occasion de faire le point sur les progrès réalisés en la matière au moment où les grandes agglomérations européennes doivent se doter de Plans de Prévention des Bruits dans l’Environnement. Côté matériel, une offre de plus en plus large d’équipements bénéficie du référentiel Piek, une marque d’origine néerlandaise. Délivrée en France par Cemafroid, elle certifie que le matériel respecte le seuil sonore maximum de 60 dB(A) entre 23 heures et 7 heures. On trouve ainsi des porteurs de tous types de motorisation (diesel, GNV), des groupes frigorifiques thermiques, cryogéniques, ou électriques qui fonctionnent, pendant les arrêts, grâce à une batterie. Ou encore des hayons élévateurs plus silencieux et des remorques aménagées avec des protections évitant le bruit. Le groupe Carrefour, pour sa part, prévoit de déployer, à l’échéance 2017, 200 camions à motorisation diesel, mais roulants au biométhane afin de réduire de 50% les émissions sonores et la pollution. Et bien sûr, les émissions de particules (-100%) et de CO2 (-90%)
Martin Brower livre McDonald en exclusivité, un client exigeant
Les surcoûts, cependant, restent importants pour les transporteurs qui doivent pouvoir les répercuter. La profession parle en général de 6 à 15% “et parfois bien plus lorsque l’on opte, par exemple, pour les motorisations GNV” témoigne Mélanie Ruel, responsable transport durable chez Casino. “À Paris, cependant des aides sont accordées pour l’achat de véhicules plus propres” rappelle Hervé Levifve, conseiller technique au cabinet de Christophe Najdovski, adjoint aux transports de la Mairie de Paris.
Plébiscité, le gaz moins polluant et plus silencieux est aussi un outil marketing
Mais le matériel adéquat ne suffit pas, il faut souvent aménager, moyennant parfois de gros investissements, les espaces de livraison dans les magasins pour les rendre moins bruyants. Et former les personnels à livrer en silence. Tel est l’objet de la charte Certibruit, qui garantit une “chaine du silence”, mais aussi des processus de concertation avec les riverains. Elle certifie désormais une quarantaine d’enseignes. “Depuis notre certification, nous n’avons plus aucune plainte des riverains” se félicite Jean-Yves Moonier, directeur du MacDonald’s de l’Hotel de Ville à Paris. La chaîne compte actuellement 13 restaurants certifiés en région parisienne, et 2 en région bordelaise. Le groupe Carrefour vise lui 16 magasins certifiés d’ici fin 2016 (4 actuellement). Pour inciter les transporteurs à rejoindre la démarche, Certibruit va désormais délivrer des macarons qui leur seront destinés. Pour que les investissements consentis produisent, au moins, un petit rendement marketing !