C’est la rentrée de tous les dangers pour le transport routier aux abords du port de Calais. Chaque jour, les images publiées sur les sites sociaux ou vues sur les télévisions montrent le grand malaise et les terribles conditions de vie de milliers d’êtres humains livrés à eux-mêmes. Il est normal que ces populations déshéritées et désespérées fassent tout pour tenter le passage vers l’eldorado supposé qu’est la Grande-Bretagne. Les organisations humanitaires présentes à Calais ont compté plus de 9000 migrants qui attendent une très hypothétique traversée de la Manche pour laquelle ils sont prêts à prendre tous les risques.
Par grappes, la nuit, on les retrouve aux abords des voies rapides installant des barrages de fortune, et parfois en y mettant le feu, sur les routes d’accès au port de Calais. Ces ombres dans la nuit courent après des camions qu’ils tentent de prendre d’assaut en grimpant au péril de leur vie sur des bâches qu’ils découpent ensuite avant de se cacher dans la remorque au milieu des marchandises.
Les médias sociaux regorgent de témoignages de conducteurs qui se font agresser, véhicules caillassés, pare-brise éclatés … c’est le salaire de la peur ! Résultat, une désaffection marquée des transporteurs étrangers qui évitent de choisir Calais, préférant des ports plus sûrs. Il en est de même pour les automobilistes et les autocaristes dont les clients se font parfois également agresser. De leur côté, les transporteurs français n’en peuvent plus. Ainsi, la FNTR Pas de Calais a décidé une action qui permettra, peut-être, d’attirer l’attention d’autorités débordées. « Il est indispensable de trouver des solutions pérennes à ce phénomène qui pose de très gros problèmes à nos entreprises et nos conducteurs » insiste Sébastien Rivera, son secrétaire général qui annonce, pour lundi prochain 5 septembre, deux convois de camions qui partiront de Boulogne et de Dunkerque pour rejoindre Coquelles et le port de Calais. Les agriculteurs, les chefs d’entreprises de la région, et plus largement les habitants du Calaisis, viendront se joindre aux transporteurs. « Nous devrions être nombreux, la solidarité va jouer » a déclaré Xavier Foissey, cultivateur à Marck cité par Nord Eclair.
En effet, la population, sous pression, n’en peut plus. D’autant que cette situation, qui empire, ne date pas d’aujourd’hui. La situation est d’autant plus critique, que lorsque des migrants sont surpris dans les camions, les amendes pleuvent « Trouvez-vous normal qu’un transporteur se voit infliger une amende de 2000 livres par clandestin découvert, alors qu’il n’y est pour rien. Un transporteur n’est pas un passeur. Cela ne peut plus durer. Nous demandons un plan d’urgence, un couvre-feu la nuit et un démantèlement de la jungle » s’alarme Sébastien Rivera. De son côté, Natacha Bouchart, la maire de Calais abonde dans le sens des transporteurs dans une déclaration au quotidien Le Monde « Soit ce gouvernement ne mesure pas la gravité de la situation. Soit il ne sait plus quoi faire et sa non-action est un aveu d’impuissance ». De son côté, Fabienne Buccio, la préfète du Pas-de-Calais se veut plus optimiste et assure de son côté être « dans la bonne voie, sur la bonne ligne ». Nous y reviendrons pour voir si quelque chose change.