Brexit, les transporteurs anglais au bord du burn out …

Le transport routier européen retient son souffle. Une date est dans toutes les têtes, le basculement du Brexit devrait avoir lieu le 29 mars 2019 à 23 heures (minuit en France). A ce moment-là, ce sera un retour en arrière spectaculaire pour les transporteurs européens, et britanniques en tête. Les représentants de la Road Haulage Association (7000 membres et 50% des camions au Royaume-Uni) ont rencontré, avec leurs autres collègues, à plusieurs reprises Chris Grayling, le secrétaire d’Etat anglais aux transports et il faut reconnaitre que l’incompréhension est totale. Pourtant la préparation de l’après Brexit est essentielle pour les transporteurs à partir du moment où le matin du 30 mars 2019, les entreprises britanniques feront un saut en arrière de … 45 ans depuis l’adhésion à l’UE le 1er janvier 1973. Un document (que vous lirez ici) a été publié par la Commission Européenne précisant les risques en cas de sortie sans accord.

Sans accord précis, les ports seront directement impactés

Selon l’organisation professionnelle, s’il n’y a pas un accord très rapide négocié avec la Commission Européenne, le Brexit sera une catastrophe pour les transporteurs internationaux, qu’ils soient basés au Royaume-Uni ou en Europe continentale mais aussi pour tous les citoyens britanniques avec des restrictions dans les approvisionnements. 50% des aliments consommés au Royaume-Uni viennent du monde entier, dont 70% proviennent de l’UE. Les transporteurs se montrent extrêmement pessimistes et même alarmistes. Selon Richard Burnett, directeur général de la RHA, à la suite d’une réunion, fin juillet 2018, « le port de Douvres traite 10 000 camions chaque jour. La dure réalité est que si les contrôles douaniers sont mis en place, il faudra en moyenne environ 45 minutes pour traiter un camion de part et d’autre du Channel. Si cela se produit, les queues de poids lourds dans le Kent seront inextricables »

Chris Grayling, un ministre qui connait mal son dossier

De son côté, Chris Grayling, avait déclaré au mois de mars « Nous maintiendrons une frontière libre à Douvres, nous n’imposerons pas de contrôles au port, il est totalement irréaliste de le faire. Nous ne vérifions pas les camions maintenant, nous n’allons plus vérifier les camions à l’avenir. Je suis clair que cela ne peut pas arriver. » … mais la profession ne le croit pas. L’Association du transport routier de marchandises ne partage pas l’optimisme du ministre « Ce ne sont pas seulement les produits quotidiens tels que les produits frais de l’Europe continentale qui seront touchés, les industriels délaisseront le Royaume Uni provoquant des milliers de pertes d’emplois » s’inquiète fortement Richard Burnett, directeur général de RHA. Quelques chiffres sont bons à retenir … en 2017, 4,8 millions de poids-lourds ont traversé la Manche, dont 4 millions de ces mouvements effectués par ferry à Douvres ou par navette dans le tunnel. Pour le moment, selon le HMRC (Her Majesty’s Revenue and Customs), environ 99% d’entre eux ne nécessitaient aucun processus de dédouanement et prennent l’autoroute sans contrainte jusqu’à leur destination finale. Après, cela va changer … Certains prédisent qu’un temps de contrôle de 2 minutes supplémentaires pourraient provoquer d’énormes embouteillages, non seulement autour de Douvres, mais aussi de Calais, Dunkerque ou Zeebrugge. Les britanniques ont travaillé sur le sujet (suivre le lien).

Richard Burnett, directeur général de RHA, est très inquiet

A partir du 30 mars 2019, les transporteurs devront présenter des documents obligatoires pour les pays non membres de l’UE. En particulier, les licences communautaires délivrées aux transporteurs de l’UE ne seraient plus valables, ce qui signifie des démarches beaucoup plus longues et détenir les autorisations CEMT pour circuler dans l’UE. L’autorisation CEMT (Conférence Européenne des Ministres des Transports) donne aux entreprises la possibilité d’effectuer des transports internationaux entre les pays signataires (qui regroupent, outre des pays de l’OCDE, de nombreux Etats d’Europe de l’Est et du Sud). L’autorisation CEMT ne permet pas le transport à l’intérieur d’un pays signataire ou entre un pays signataire et un pays non signataire. Les autorisations sont délivrées par le ministère des transports et du commerce compétent. Elles sont régies par des directives très strictes, qui concernent notamment la catégorie de véhicule (EURO 1 – 6). L’obtention de ces autorisations ne constitue pas un droit légal. L’autorisation, à remplir avant le départ, doit pouvoir être fournie pour chaque voyage – avec ou sans chargement. Elle est valable pendant une année civile … et c’est donc particulièrement contraignant. Actuellement, seulement 1224 de ces permis CEMT ont été délivrés au bénéfice du Royaume-Uni. C’est très insuffisant, si l’on songe que 38 000 camions britanniques se rendent en Europe chaque année … mais pour le moment en fonction des règles communautaires … En guise de conclusion, provisoire, tout reste à réinventer !

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