Lors du Conseil des ministres du 6 février, l’Etat a fait une déclaration au sujet du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne en matière de transport routier de personnes ou de marchandises au cas où il n’y aurait pas d’accord. Les dispositifs proposés se fondent sur une ordonnance prise en rapport avec la loi du 19 janvier 2019. Ce sont des dispositions sur le transport routier de personnes et de marchandises qui ne seront applicables que dans l’hypothèse où l’Union européenne ne trouverait pas un accord à son niveau sur le projet de règlement européen en cours de négociation à Bruxelles et destiné à prendre des mesures d’urgence dans ces deux domaines. Le cas échéant, ces dispositions de l’ordonnance prendront effet à la date de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord et demeureront applicables jusqu’au 31 décembre 2019 au plus tard, sauf à ce qu’un accord avec le Royaume-Uni soit conclu dans ce domaine. Si des négociations s’engageaient avec le Royaume-Uni sur ce point, ces mesures d’urgence pourraient être prolongées jusqu’au 31 décembre 2020 afin de les mener jusqu’à leur terme. Ceci est si complexe que le Gouvernement français a mis en ligne un site Internet permettant de connaitre les dernières informations à ce sujet
Angoisse, qui se confirmera ou non, des professionnels du transport routier
En attendant, les entreprises françaises commerçant avec le Royaume-Uni sont inquiètes. Ainsi, les entreprises du Poitou se préparent et la CCI des Deux-Sèvres, parmi d’autres, organise des ateliers sur divers sujets sensibles, droits de douanes, brevets, import, export. En effet, beaucoup de questions restent sans réponse. Ainsi, il y a quelques jours, une trentaine d’entreprises participaient à un atelier en présence de la DRAF, de l’INPI et des Douanes. « Les entreprises doivent se préparer aujourd’hui, on ne sait pas exactement ce qui va se passer. Surtout celles qui n’ont pas de pratiques d’import/export hors espace communautaire. Parce que ce sont des changements lourds, avec des passages en douanes, avec tous les documents nécessaires à réaliser en amont. C’est aussi des problèmes de brevets, de droits de propriétés et aussi bien sûr de délais à anticiper. Il faut protéger ses produits aussi dans le Royaume-Uni. » explique Philippe Dutruc, le Président de la CCI 79 au micro de France Bleu Poutou qui ajoute que l’aide apporté concerne les PME qui sont moins bien préparés que les grands groupes et il ne faut pas s’y prendre à la dernière minute. Les CCI sont là pour conseiller.
L’équipe de la CCI des Deux-Sèvres, Philippe Dutruc, au centre 1er rang
Côté britannique, cela semble bien pire. Selon un sondage, seulement un tier des anglais se préparent à un scénario d’un Brexit dur, c’est-à-dire sans accord. En Angleterre, 100 000 petites entreprises n’auraient pris aucune information sur la situation économique en cas de “no-deal”. Et seule une entreprise anglaise sur sept aurait mis en place des mesures de contingences. À 7 semaines de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, le monde économique redoute un « no-deal ». La Première ministre britannique a beau se démener et promet qu’elle arrivera à un Brexit négocié, il n’est pas certain qu’elle obtienne satisfaction. « Bien que de nombreuses entreprises intensifient leurs préparatifs, l’économie britannique dans son ensemble n’est pas encore prête à une sortie sans accord et sans transition » a déclaré jeudi 7 février le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney qui reconnait les tensions importantes subies par des entreprises qui sont dans le doute compte tenu des incertitudes autour de la sortie de l’UE. D’ailleurs Mark Carney fini par déclarer « Notre travail, après tout, n’est pas d’espérer le meilleur, mais de prévoir le pire », a-t-il ajouté. Cet avis est partagé par Gautier Houel, attaché économique à l’ambassade de France au Royaume-Uni qui résume la situation par une question : « Comme se préparer à quelque chose dont on ne sait pas grand-chose ? »
Mark Carney, Gouverneur de la Banque d’Angleterre
Malheureusement, le flou reste omniprésent … avec un embouteillage de lois et de décrets d’application au parlement britannique. « 7 lois et 80 décrets sont en attente d’être votés. Il faut l’avoir en tête » s’inquiète Gautier Houel aux chefs d’entreprise et pense que si le gouvernement britannique n’est pas prêt, il est possible que la sortie de l’UE soit reportée. Pourtant, depuis 2016, le Royaume-Uni a bien tenté d’anticiper cette sortie en recrutant 10 000 agents, en consacrant 4,2 milliards de livres sterling au Brexit. Reste que les entreprises britanniques qui se préparent ajustent pour 56 % d’entre elles leur chaîne logistique et recherchent de nouveaux débouchés ou sources d’approvisionnement en Europe. Il y a d’autres entreprises qui ont de la trésorerie qui conforment leur stock pour résister sur le court terme, à une sortie sans accord. Pendant ce temps, de grandes entreprises pensent à réduire la voilure, comme Airbus et Nissan. Ce n’est pas gagné …