Après une année 2019 positive en terme d’immatriculation des marchés de l’utilitaire, l’année 2020 devrait faire face à une baisse globale des marchés de l’utilitaire, selon l’Observatoire du véhicule industriel.
Le rapport de l’Observatoire du véhicule industriel (OVI) est clair : après une année 2019 très positive, une baisse globale du marché est attendue en 2020. “La décennie qui va s’ouvrir s’annonce comme très chargée sur le plan réglementaire, elle représentera de nombreux défis pour la profession, affirme Jean-Michel Mercier, Directeur de l’Observatoire du véhicule industriel. 2020 devrait connaître une décrue “naturelle” qui, nous l’espérons, restera contenue. Les prochaines années devraient être décisives dans la recherche de mise en oeuvre et de concrétisation d’objectifs de décarbonation de la mobilité.”
Cette baisse a plusieurs causes. La première est le reflux sensible du marché du tracteur après quatre exercices consécutifs de hausse, qui ont permis de renouveler le parc. La deuxième est due à la situation du transport routier de marchandises qui s’est complexifiée en fin d’année, avec notamment une baisse amorcée des volumes, le “déremboursement” des 2 centimes de TICPE et les problèmes de recrutement confirmés. La troisième se place du côté du marché porteur, dont la décrue est amorcée après des exercices 2018 et 2019 positifs, notamment portés par les activités liées au BTP. L’OVI envisage ainsi un marché en baisse avec environ 50 000 unités ; 26 000 pour le tracteur et 23 500 pour le porteur. Malgré ce recul, l’Observatoire considère le marché positif grâce à “un cycle exceptionnel” en 2019 et un “potentiel optimum du marché VI français”.
De nombreux défis pour les carrossiers constructeurs
L’année 2020 s’annonce intense pour les carrossiers constructeurs, qui devront répondre aux nouvelles mesures et réglementations européennes. Le premier défi à relever est l’évolution des poids et dimensions avec le retour du dossier des EMS (European Modular System) ou 25,25 m. “La France a pris du retard en la matière, par rapport à de nombreux pays membres”, commente l’OVI dans son rapport. […] L’allongement des cabines est une thématique majeure pour la construction des poids lourds, commente l’OVI. La Commission Européenne a validé le principe de cabines plus aérodynamiques et plus sûres sur les routes européennes. Ceci devrait se traduire à terme par des cabines plus arrondies et une vision améliorée pour le conduteur.” Du côté des carrossiers constructeurs, le challenge porte sur la maîtrise du poids via la conception et l’usage de matériaux et équipements. “A ceci s’ajoute une contrainte émergente : l’arrivée de véhicules électriques, par nature plus lourds en raison du poids des batteries, induit une maîtrise d’autant plus grande du paramètre “poids” dans la conception des véhicules.”
La réglementation européenne sur les émissions de CO2 est un autre défi pour la filière. En effet, Vecto (Vehicle Energy Consumption Calculation Tool) et WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures) fixent, à l’horizon 2030, un enjeu de réduction globale de l’empreinte carbone des véhicules utilitaires. “Il s’agit d’un véritable changement de paradigme pour le métier VI constructeur et carrossier constructeur secteur” affirme l’OVI. “Le monde de la construction du véhicule utilitaire léger est déjà rentré activement dans la mise en oeuvre de la norme WLTP mais cette accélération voulue par la Commission Européenne doit tenir compte des contraintes technologiques et économiques. Il en est de même pour les poids lourds, pour lesquels le retour d’expérience sur Vecto reste à construire.”
De nouvelles énergies
La transition énergétiques et la réponse à ces nouvelles normes ne se fera pas sans les énergies “propres”. L’année 2020 annonce d’ailleurs un vent favorable pour le Gaz Naturel pour Véhicules (GNV) qui se développe rapidement. L’OVI note 100 stations déjà réalisées, et 50 en prévisions pour 2020, ainsi que des immatriculations – en constante progression depuis 5 ans – s’approchant des 3% de parts de marché. La production de GNV à partir de biomasse et gaz renouvelable devrait, selon l’OVI, jouer un rôle important dans le développement de ce marché. La loi de finances 2019 a par ailleurs gelé la taxe carburant (TICPE) sur le GNV à 0,077 €/kg jusque 2022. Le dispositif de suramortissement pour l’achat de véhicules industriels fonctionnant à cette énergie est prolongé jusqu’en 2021.
En ce qui concerne les utilitaires électriques, “tout reste à faire”. Les technologies présentent “des caractéristiques remarquables pour les applications urbaines avec cependant quelques réserves (l’impact carbone du mode de production de l’électricité, les besoins de matières premières telles que le lithium…)” affirme l’OVI. Pour ce dernier, de nombreux fondamentaux doivent nécessairement être intégrés pour rendre efficaces ces véhicules : l’autonomie, l’encombrement, la durée de recharge, le prix des batteries et une offre de véhicule complète et opérationnelle.
Autre élément important : le rechapage des pneus permet d’économiser les ressources naturelle en prolongeant la vie des pneus usés.